La CGT, organisatrice de cette journée de "mobilisation et grève" interprofessionnelle, a revendiqué près de 300'000 manifestants dans toute la France, dont plus de 70'000 dans le cortège principal à Paris. Le ministère de l'Intérieur a de son côté dénombré 107'000 participants, dont 13'000 dans la capitale.

La précédente journée de mobilisation interprofessionnelle, le 29 septembre, avait rassemblé 118'500 personnes selon la police et 250'000 selon les organisateurs. Près de 150 points de rassemblement étaient prévus mardi dans le pays, selon la CGT.

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"Beaucoup de salariés sont sur le fil du rasoir. Nous, on s'est séparés d'une voiture, je fais 15 km à vélo pour venir travailler. C'est aussi faire attention aux courses, aux activités. Oui, tout simplement c'est dur", explique à l'AFP Magali Mallet, secrétaire médicale, qui manifeste à Montpellier, dans le sud-est de la France.

Nombreux secteurs dans la rue

Des incidents sont survenus en fin d'après-midi, avec quelques vitrines brisées par des casseurs et des affrontements entre des manifestants vêtus de noir et les forces de l'ordre. La préfecture de police a fait état de six interpellations.

De nombreux secteurs avaient lancé des appels à la mobilisation: fonction publique, énergie, transports publics, routiers, agroalimentaire, commerce. Dans l'industrie pétrolière d'où est parti le conflit qui perturbe fortement depuis près de deux semaines la distribution de carburant, la grève se poursuivait chez TotalEnergies.

Elle était modérément suivie dans les transports en commun parisien (RATP), avec un trafic des métros quasi normal, mais celui des bus perturbé. Du côté des trains de la SNCF, il n'y avait pas de problèmes majeurs sur le réseau, malgré des perturbations en région parisienne et un train régional sur deux.

Amélioration pour le carburant

Outre l'"augmentation des salaires", le mouvement vise à dénoncer les réquisitions de grévistes mises en oeuvre par le gouvernement pour faciliter la distribution de carburant. "Il y aura des réquisitions autant que nécessaire", a prévenu mardi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

"Chaque fois que ces réquisitions ont été attaquées, nous avons gagné en justice les référés (procédures en urgence, ndlr) parce que les juges ont considéré que c'était des réquisitions qui étaient proportionnées", a souligné le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

La situation s'est améliorée de manière "sensible", avec désormais moins d'un quart des stations-service perturbées en France, au lieu de 30% le week-end dernier, a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne. "On va continuer de faire le maximum", avait affirmé lundi M. Macron, en ajoutant vouloir que cette crise "se règle le plus vite possible".

"Problème de salaires"

Le gouvernement veut aussi se montrer à l'écoute des Français affectés par l'inflation. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé mardi qu'il y avait "un problème de salaires" en France et appelé une "partie du patronat à augmenter les salaires quand c'est possible".

Dans la fonction publique, des négociations sur les salaires seront ouvertes au début de l'année 2023, selon le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini. Les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires réclament l'indexation "automatique" du point d'indice sur l'inflation.

Premier syndicat de France, la CFDT a décidé de rester à distance du mouvement de mercredi, ne croyant pas en l'efficacité des manifestations interprofessionnelles pour obtenir des augmentations salariales dans les entreprises. Selon un sondage du cabinet Elabe, 49% des Français désapprouvent la mobilisation quand 39% y sont favorables.

Outre le sujet des salaires et des réquisitions de grévistes, d'autres ingrédients attisent la colère sociale. Comme la perspective de l'usage par le gouvernement, pour faire adopter le budget, de l'article 49.3 de la Constitution, qui permet à l'exécutif de faire voter une loi sans vote, le durcissement à venir des règles d'indemnisation des chômeurs ou encore la réforme des retraites attendue pour la fin de l'année.