Limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré nécessite une transformation aussi rapide que possible du système énergétique. Dans les divers scénarios envisagés, le stockage joue un rôle important - des batteries aux carburants synthétiques issus de sources renouvelables en passant par les centrales de pompage-turbinage.

Si on les construit et les exploite en plus de l'infrastructure solaire sur les toits et les façades, les besoins en énergie pour la transition augmentent, a indiqué jeudi le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) dans un communiqué.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Plus on construit de réservoirs, plus la transformation du système est longue et plus les émissions totales de gaz à effet de serre sont élevées, en fonction naturellement des technologies utilisées et des progrès technologiques.

Si nous voulions conserver nos habitudes actuelles, il faudrait stocker environ 60% de la production d'énergie solaire mondiale et les réservoirs devraient être suffisamment grands pour fournir l'ensemble des besoins énergétiques de la planète pendant environ trois semaines. Même avec des hypothèses extrêmement optimistes, il y a au moins 50% de chances que l'objectif de 1,5 degré soit dépassé dans ce scénario, ont calculé les scientifiques.

Réduire le besoin de stockage

Le besoin de stockage peut toutefois être considérablement réduit par des mesures techniques. Par exemple, l'électrification du chauffage des bâtiments et les commandes intelligentes des appareils permettent de flexibiliser l'évolution des besoins sans devoir modifier le comportement énergétique. Un tel scénario pourrait déjà réduire de moitié environ le stockage.

Pour l'objectif de 1,5 degré, cela signifierait que dans le meilleur des cas, il ne sera dépassé qu'avec une probabilité de 14%, et ce en utilisant surtout des centrales de pompage-turbinage efficaces et à haut rendement.

En revanche, si l'on stockait beaucoup d'énergie dans des carburants synthétiques au niveau technique actuel avec un faible rendement, l'objectif ne serait guère atteignable. A titre de comparaison, une économie énergétique qui n'a pratiquement pas besoin de stockage pourrait réduire la probabilité de dépasser les 1,5 degré à 3%.

"Société tournesol"

Conclusion: moins il y aura de stockage, plus vite on pourra se passer des énergies fossiles. Pour l'Empa, il faut s'éloigner d'un système énergétique basé sur la demande, dans lequel chacun peut utiliser l'énergie quand il le souhaite et aller vers un système énergétique qui s'oriente en fonction de la course du soleil.

L'idée de la "société tournesol" est la suivante: les consommateurs tels que l'industrie, les transports, les ménages et les institutions publiques concentrent, dans la mesure du possible, leurs activités à forte consommation d'énergie vers midi et en été. Elles sont réduites au minimum la nuit et en hiver.

Il s'agirait de promouvoir des isolations efficaces des bâtiments plutôt que des chauffages dont l'impact est particulièrement négatif en hiver. Ou passer à des moyens de transport tels que les trolleybus, qui ne nécessitent pas de stockage.

De simples changements de comportement peuvent également apporter une contribution, par exemple en faisant fonctionner la machine à laver à l'heure du déjeuner. Mise en ½uvre de manière cohérente, la méthode aurait le potentiel de minimiser nettement les risques climatiques et d'accélérer considérablement la transformation du système énergétique, selon les scientifiques.

Cette étude baptisée "Sunflower Society" (société tournesol) a été financée par le Fonds national suisse (FNS) dans le cadre du Programme national de recherche (PNR) 73 "Economie durable".