Cette nouvelle campagne pour Downing Street s'est ouverte jeudi à la suite de la démission de Liz Truss, après seulement 44 jours au pouvoir, un record. Début septembre, elle avait été élue par les membres du parti conservateur face à Rishi Sunak, qui va donc peut-être avoir sa revanche dans les prochains jours.
"Le Royaume-Uni est un grand pays, mais nous sommes confrontés à une profonde crise économique", a écrit sur Twitter Rishi Sunak, 42 ans, qui a été ministre des Finances de 2019 à juillet dernier, quand il avait démissionné.
"C'est pourquoi je me présente pour être le leader du Parti conservateur et votre prochain premier ministre. Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays", a-t-il poursuivi.
Come-back de Johnson
Après une semaine politique chargée en rebondissements, deux candidats se sont déclarés: Rishi Sunak, et la ministre des Relations avec le parlement Penny Mordaunt.
L'ex-premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé dimanche soir renoncer à se présenter dans la campagne pour Downing Street, laissant la voie libre au grand favori Rishi Sunak pour succéder, sauf nouveau coup de théâtre, à Liz Truss.
"Au cours des derniers jours, je suis malheureusement arrivé à la conclusion que ce ne serait tout simplement pas la bonne chose à faire. Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n'avez pas un parti uni au Parlement", a-t-il expliqué dans un communiqué, affirmant qu'il avait eu les 100 parrainages des députés conservateurs, indispensables pour poursuivre la course.
Les candidats ont jusqu'à lundi après-midi pour obtenir les cent parrainages nécessaires pour poursuivre la course.
Selon la BBC, Rishi Sunak avait dimanche 132 parrainages, devant Boris Johnson (57) et Penny Mordaunt (23).
Une fois que les candidats auront présenté leurs parrainages, les 357 députés conservateurs voteront. S'il reste deux candidats en lice, les 170'000 adhérents du parti devront les départager par un vote sur internet d'ici le 28 octobre. En cas de candidat unique, celui-ci entrerait directement à Downing Street en début de semaine.
D'intenses tractations au sein du parti conservateur, profondément divisé, continuaient dimanche.
"Désastre garanti"
Penny Mordaunt, qui a démenti dimanche avoir eu des négociations avec le camp de Boris Johnson, s'est dite "confiante" sur ses parrainages.
Rishi Sunak et Boris Johnson, qui sont à couteaux tirés depuis des mois, se sont rencontrés samedi soir pour, selon plusieurs médias, évoquer la possibilité d'une candidature commune. Cette rencontre ne leur a visiblement pas permis de s'entendre.
Selon un sondage du Sunday Telegraph, les électeurs du parti le préfèrent largement à Rishi Sunak: un peu plus de la moitié d'entre eux pensent qu'il serait le meilleur premier ministre, contre 28% pour Rishi Sunak. Et près de 60% de ces électeurs conservateurs estiment que le départ de Boris Johnson au début de l'été était une erreur.
Mais certains députés "tories" ne mâchent pas leurs mots quand à un retour possible de Boris Johnson. "Ce n'est pas le moment pour Boris", a déclaré Steve Baker, ministre de l'Irlande du Nord et partisan de Sunak, à Sky News, affirmant qu'un autre gouvernement dirigé par Johnson "serait un désastre garanti" et imploserait en quelques mois.
Grave crise
Rishi Sunak a reçu des soutiens clés depuis samedi, dont celui du ministre de l'Intérieur Grant Shapps et de la ministre du Commerce Kemi Badenoch, influente à la droite des "Tories". Le parti "n'est pas un outil pour les ambitions personnelles d'un individu", a-t-elle dit au Sunday Times.
Le prochain premier ministre gouvernera un pays plongé dans une grave crise du coût de la vie, avec une inflation dépassant les 10%. Il devra calmer les marchés, dans la tempête depuis les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre. Il devra également tenter d'unir un parti profondément divisé, à deux ans des élections législatives.
Le leader de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a réitéré dimanche son appel pour des élections anticipées. Les travaillistes sont au plus haut dans les sondages, après douze ans de pouvoir conservateur. Le prochain premier ministre conservateur sera le cinquième depuis 2016.