La France et l'Allemagne restent "très proches" et "relèvent les défis ensemble", a tweeté le chancelier à l'issue de l'entretien à l'Elysée. Il s'est félicité d'une "très bonne et importante discussion sur l'approvisionnement énergétique européen, la hausse des prix et les projets d'armement communs".

Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont "évoqué la relation franco-allemande dans un esprit de travail très étroit à moyen et long terme", a-t-on également souligné à l'Elysée. Ils entendent "avancer sur un agenda conjoint de souveraineté, de réindustrialisation et de décarbonation en Europe", a ajouté la présidence française dans un communiqué.

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Les deux dirigeants ont échangé pendant plus de trois heures autour d'un déjeuner, dont trente minutes en tête-à-tête. Ils s'étaient affichés tout sourire à l'arrivée d'Olaf Scholz mais n'ont fait aucune déclaration à la presse.

Ils ont réaffirmé leur attachement au principe "de solidarité" européenne en matière énergétique ainsi que leur volonté de "renforcement de l'Europe de la défense" et de "coopération sur les lanceurs", a encore précisé l'Elysée. Des "groupes de travail" vont être mis en place sur l'énergie, la défense et l'innovation afin de "travailler étroitement (...) en vue des prochaines étapes", a ajouté un conseiller présidentiel.

L'état de la relation bilatérale, toujours scruté de près au sein de l'Union européenne, avait donné lieu à de nombreux commentaires inquiets ces derniers jours, notamment du côté français.

"Fantasmé"

Lors du dernier sommet européen, Emmanuel Macron avait mis en garde Berlin contre toute tentation d'isolement, jugeant que ce "n'est bon ni pour l'Allemagne ni pour l'Europe". Dans les deux capitales, le ton est manifestement à l'apaisement, même si de chaque côté on reconnaît que des "difficultés" restent à franchir.

La crise est "largement fantasmée", a estimé une source diplomatique française. "La France est notre allié le plus proche", martèle de son côté le gouvernement allemand. Une ambition qui masque mal les divergences parfois béantes entre les deux premières puissances européennes, qui ont conduit au report d'un conseil des ministres franco-allemand, le premier d'Olaf Scholz, initialement programmé ce même jour près de Paris.

Sur la stratégie à adopter face à la flambée des prix énergétiques, le nucléaire, l'armement européen, rien ne semblait plus aller entre Paris et Berlin. De quoi inquiéter en Europe, où le moteur franco-allemand reste une force d'entraînement majeure.

Les différends - notamment sur plusieurs projets industriels communs, de l'avion de combat au char du futur - se sont aggravés depuis le début de l'offensive russe en Ukraine. Le chancelier Scholz a annoncé un plan d'aide de 200 milliards aux particuliers et aux entreprises face à l'envolée des prix, notamment du gaz après les coupures de livraisons imposées par la Russie.

"Mariage de nécessité"

Ce plan, déroulé sans concertation avec ses partenaires européens, a provoqué une vive incompréhension et des craintes de distorsion de concurrence en Europe, déjà frappée de plein fouet par les répercussions de la guerre en Ukraine. "Ils se sont mis dans le camp des non solidaires. Mais du coup, c'est là où il y a des marges de négociations car ils sont embêtés", pointe une source gouvernementale française haut placée.

Après des décennies de sous-investissement, l'Allemagne a aussi opéré un virage à 180 degrés en matière de défense afin de faire de son armée "la force la mieux équipée d'Europe". Là aussi sans forcément oeuvrer au renforcement de l'autonomie stratégique européenne prôné par Paris, et encore moins à celui de la coopération militaro-industrielle franco-allemande.

Berlin promeut ainsi un projet de bouclier anti-missile européen, avec notamment une composante israélienne, concurrent de celui de Paris et Rome. Pour nombre d'observateurs, cette panne est inhérente à toute relation où s'entremêlent ambitions européennes et intérêts nationaux, mais pas forcément rédhibitoire.

"La réalité, c'est que c'est un mariage de nécessité", souligne une source diplomatique française. "Il y a en ce moment des tensions entre la France et l'Allemagne mais ça reste le moteur de l'Europe. Pour que l'Europe fonctionne il faut que ce moteur fonctionne", insiste Stéphane Dion, ambassadeur du Canada à Paris après avoir occupé les mêmes fonctions à Berlin, pour qui il n'existe pas d'autres "axes simples" qui puissent le remplacer.