"Nos revenus et nos bénéfices ont été fortement affectés par des pertes sur les programmes de développement à prix fixe dans nos activités de défense en raison de la hausse estimée des coûts de fabrication et d'approvisionnement ainsi que de défis techniques", a indiqué dans un message aux employés Dave Calhoun, le patron de l'avionneur américain.

Dans une interview sur CNBC, M. Calhoun a reconnu que le prix obtenu par l'ex-président Donald Trump lors de la renégociation du contrat sur Air Force One début 2018 avait été trop bas et n'aurait pas dû être fixé à l'avance.

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"Presque tous les secteurs font face à des défis liés à l'approvisionnement, l'inflation, la main-d'oeuvre et la situation macro-économique - et nous ne sommes certainement pas un cas à part", a ajouté le dirigeant dans son courrier aux salariés.

De juillet à septembre, la perte par action de Boeing, ajustée des éléments exceptionnels, a été de 6,18 dollars, là où les analystes avaient tablé sur une hausse de 2 cents.

Son chiffre d'affaires s'est établi à 16 milliards de dollars, en hausse de 4% sur un an mais loin des 17,9 milliards de dollars espérés par le marché.

Au rang des bonnes nouvelles, Boeing s'est dit en bonne voie pour atteindre un flux de trésorerie disponible positif en 2022, une mesure qui donne une indication sur la capacité d'une entreprise à investir ou à verser des dividendes à ses actionnaires.

La Chine mise en garde

Dans les programmes de défense, d'aérospatial et de sécurité, les pertes ont été de 2,8 milliards de dollars.

En plus du KC-46 et du Air Force One, des pertes ont été enregistrées sur le drone ravitailleur MQ-25, sur l'avion d'entraînement militaire T-7 ainsi que sur des programmes de vols spatiaux.

"On peut espérer que la charge massive dans ces programmes soit la dernière d'ampleur pour un certain temps", a indiqué à l'AFP Michel Merluzeau du cabinet AIR.

La branche commerciale de Boeing a en revanche profité de la reprise continue du trafic aérien, l'entreprise y dégageant un chiffre d'affaires de 6,3 milliards de dollars (+40%). Elle reste toutefois en perte (-643 millions de dollars).

"La demande n'a jamais été aussi robuste et cela s'observe partout dans le monde", s'est réjoui M. Calhoun sur CNBC.

Il a toutefois noté que la Chine, où le MAX est interdit de vol depuis 2019 après deux accidents mortels, faisait figure d'exception.

"Nous sommes pour le libre-échange et nous aimerions continuer à faire des affaires avec la Chine, mais nous n'allons pas mettre nos investisseurs en danger en restant dans cette voie", a-t-il prévenu.

Boeing a acheminé 112 avions à ses clients au troisième trimestre, dont 9 exemplaires de 787. Les livraisons de ce long-courrier, interrompues plus d'un an après la découverte de vices de fabrication, ont repris en août.

88 exemplaires du 737 MAX ont été livrés durant cette même période.

La compagnie américaine Alaska Airlines a d'ailleurs annoncé mercredi la commande de 52 exemplaires de 737 MAX, dont 42 MAX-10, une version encore non certifiée et actuellement sur la sellette du moyen-courrier phare de l'avionneur.

Sur CNBC, M. Calhoun s'est dit confiant dans le fait que le Congrès américain allait octroyer à Boeing une extension dans le processus de certification du MAX 10 et du MAX-7, une plus petite version de ce modèle.

"La production commerciale n'est pas stabilisée et ne reviendra pas à un rythme plus régulier et plus soutenu avant le quatrième trimestre 2023 selon notre analyse", a néanmoins commenté M. Merluzeau.

Boeing va probablement "ne pas atteindre les 400 livraisons de MAX cette année, nous nous attendons à un chiffre plus proche de 350 ou 360", a précisé l'expert.