"Les femmes marquent l'agriculture de leur empreinte par leurs nombreuses activités, que ce soit à la maison ou à la ferme", a déclaré le directeur de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) Christian Hofer jeudi devant les médias à Berne. Au cours des vingt dernières années, depuis la première étude, beaucoup de choses se sont améliorées, notamment l'importance économique des femmes dans l'agriculture.
La moitié des jeunes femmes sondées en ligne estiment en effet que les activités dont elles ont la charge représentent plus de 50% du revenu de l'exploitation.
Par ailleurs, 55% de toutes les sondées reçoivent un salaire, ou génèrent un revenu par le travail accompli dans l'exploitation, dont un bon tiers sont propriétaires ou copropriétaires. Le pourcentage de femmes dirigeant seules une exploitation est passé de 5 à 9% par rapport à la précédente enquête en 2012. Elles sont plus de deux tiers à en partager la direction avec leur partenaire.
Protection sociale
Le pourcentage de femmes exerçant une activité hors de l'exploitation est passé de 47% en 2012 à 53% cette année. Le nombre d'heures de travail par semaine à l'extérieur a également progressé. Ces activités externes garantissent notamment une partie de la couverture sociale et de la prévoyance aux femmes.
Celles-ci ont d'ailleurs davantage conscience de l'importance de la couverture sociale et de la prévoyance. Ainsi 44% disposent d'un 2e pilier et 57% d'un 3e pilier. Seules 4% d'entre elles disent ne pas bénéficier d'une couverture en propre (contre 12% en 2012).
Même si la protection sociale s'est améliorée, il existe encore des lacunes, notamment en cas de divorce ou d'invalidité, selon l'étude. Le processus politique doit se poursuivre afin d'améliorer la situation.
Davantage de travail
Dans l'ensemble, le volume de travail a augmenté par rapport à 2012. Les sondées disent avoir suffisamment de temps pour leur famille, pour leur couple et pour elles-mêmes, mais moins pour pouvoir ½uvrer dans des organisations de paysannes ou de femmes rurales.
Selon le sondage, 60% des femmes prennent une semaine de vacances par an, voire moins, en raison notamment de la difficulté à les organiser. La grande majorité (72%) d'entre elles sont pourtant satisfaites de leur vie et envisagent avec optimisme leur avenir et celui de leur exploitation. La politique agricole et l'image de l'agriculture, ressentie comme négative, leur causent le plus d'inquiétudes.
Les rôles évoluent
D'après le sondage, les femmes continuent à se voir le plus souvent comme une femme au foyer, une mère et une paysanne. Les schémas traditionnels restent encore vivaces. Reste que la perception des rôles évolue, sous l'effet de différents facteurs, note l'OFAG. Les jeunes femmes accomplissent par exemple de plus en plus de tâches de gestion. Elles disent être plus sûres d'elles et prêtes à assumer davantage de responsabilités dans l'exploitation.
Les femmes peuvent aussi assumer plus facilement le rôle de cheffe d’exploitation grâce aux progrès accomplis dans la société en faveur de la parité ainsi qu'à la possibilité d’accéder plus aisément aux formations et aux informations. La grossesse et la maternité constituent en revanche toujours un obstacle de taille.
Le soutien aux jeunes mères et aux femmes enceintes fait d'ailleurs partie des recommandations de l'étude. Les autres sont notamment d'augmenter la visibilité des cheffes d'exploitations afin qu'elles ne soient plus perçues comme des exceptions. Les offres de conseil ainsi que les possibilités de formation doivent être développées.
C'est la troisième fois, après 2002 et 2012, que l'OFAG examine la situation et le rôle des femmes dans l'agriculture. L'étude s'appuie sur un sondage en ligne mené par l'institut gfs-zürich auprès de 778 femmes dans toutes les régions du pays, ainsi que sur des discussions de groupe.