La BCE a récemment augmenté les taux à son rythme le plus rapide jamais enregistré, les relevant d'un total de 200 points de base depuis juillet et portant son principal taux à 1,5% en seulement trois mois.
Alors que la prochaine réunion de la BCE se tiendra dans moins d'un mois, "je ne pense pas que décembre sera la dernière hausse des taux", a déclaré Philip Lane dans une interview à Market News.
Le contexte ne permet cependant plus d'"envisager une très grande hausse, comme 75 points de base", soit 0,75%, à l'instar des annonces "jumbo" de septembre et d'octobre, ajoute-t-il.
Dans son élan la BCE doit tenir compte du fait que la zone euro devrait entrer en récession cet hiver, même si celle-ci sera probablement "légère et de courte durée", veut croire M. Lane.
L'inflation, qui a dépassé les 10% en septembre, va-t-elle bientôt atteindre son pic ?
Le responsable de la BCE se montre très prudent : l'agrégat va rester dynamique avec des "prix de l'énergie l'année prochaine (qui) devraient rester plus élevés que prévu", prévient-il.
D'où un avertissement lancé à la fois aux entreprises qui "doivent faire attention à ne pas augmenter excessivement leurs marges", et aux salariés qui "doivent faire attention à ce qu'est une augmentation salariale soutenable" sur le long-terme.
La BCE redoute que ne s'enclenche une boucle salaires-prix qui rendrait l'inflation totalement incontrôlable et pourrait faire dérailler son scénario de retour progressif de l'indicateur à sa cible de 2%.
En Allemagne, près de 4 millions de salariés du secteur industriel, dans l'électronique et la métallurgie, ont obtenu vendredi une hausse de salaires de 8,5% sur deux ans, après des négociations difficiles avec le patronat.
Les déclarations du responsable de l'institution de Francfort laissent "la désagréable impression que l'inflation échappe au contrôle de la BCE", a commenté Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet, sur Twitter.