"Cela fait 20 ans que nous nous battons pour mener ce projet à bien. Aujourd'hui, nous quittons le monde du 'papier' pour le monde du terrain", a déclaré Daniel Clément, directeur d'EnergeÔ lundi à Keystone-ATS.
Des coups de marteau sur la foreuse ont marqué le début des travaux. D'après les calculs d'EnergeÔ, 63 jours seront nécessaires pour creuser un premier puits, celui de la production. Il doit atteindre l'aquifère du Dogger, une formation géologique datant d’environ 175 millions d’années.
"Le forage se fera en quatre sections. Un tubage sera installé dans le puits cimenté. C'est un ouvrage de génie civil que nous réalisons", a expliqué M. Clément, rappelant que c'est la première fois qu'un forage de moyenne profondeur est réalisé dans la région de la Côte.
Question de débit
Une fois arrivées à 2300 mètres, si l’eau est présente en suffisance et que les différents tests de débit et de température sont concluants, les équipes s’attelleront au forage d'un deuxième puits, à quelques mètres de distance. Il sera dédié à la réinjection de l'eau provenant des failles naturelles de la région.
Puis, le test final de circulation de l’eau entre les deux puits devra confirmer le succès des opérations. "La grande inconnue, c'est le débit: nous l'estimons entre 30 et 60 litres par seconde", relève M. Clément. La température devrait elle être comprise entre 80 à 85 degrés.
Durant l’intégralité des phases de forage, deux équipes (environ 25 personnes de jour et 15 personnes de nuit) se relaieront 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
1500 à 3000 ménages
L'ouvrage devrait permettre de chauffer l’équivalent de 1500 à 3000 ménages, durant un minimum de 40 ans. Le coût de l'opération se monte à 30 millions de francs, dont 14,4 millions proviennent de la Confédération.
"Il faut investir beaucoup de moyens au départ pour le forage, mais c'est un approvisionnement régional, non tributaire des conditions géopolitiques", a-t-il rappelé, espérant pouvoir "copier" ce modèle dans d'autres endroits, notamment à Nyon.
Pas 36 solutions
"La chaleur constitue environ la moitié de l'énergie consommée dans le canton. Pour chauffer renouvelable et décarboner, il n'existe pas 36 solutions: la géothermie profonde est l'une des grandes réponses. Elle pourrait couvrir jusqu'à un tiers des besoins de la population", a commenté Cornelis Neet, directeur général de l’environnement à l'Etat de Vaud.
"ll faut des pionniers qui prennent le risque de faire ces forages" a-t-il ajouté, soulignant l'importance du projet de Vinzel. Selon les objectifs du canton, les énergies renouvelables devront couvrir la moitié de la consommation énergétique du canton d’ici 2050.
"A cet horizon, nous espérons voir une vingtaine de centrales géothermiques en exploitation. Aujourd'hui, quatorze permis de neuf meneurs de projets ont été délivrés", a-t-il précisé.
En toute sécurité
EnergeÔ Vinzel s’inscrit dans la famille des projets de géothermie de moyenne profondeur, contrairement aux projets dits de géothermie profonde, similaires à ceux réalisés à Bâle et à St-Gall, rappellent ses promoteurs dans un communiqué. Dans la région de La Côte, la couche géologique calcaire (Dogger) est naturellement fracturée. Ce projet ne nécessite donc pas de méthodes de fracturation hydraulique artificielles du massif rocheux.
Le réseau de surveillance de la sismicité ainsi que celui qui examine les sources de la région sont opérationnels depuis plusieurs mois. Ils permettent d’encadrer les opérations en toute sécurité.
Pavillon d'information
Juste à côté du site de forage, EnergeÔ a mis en place son pavillon exposition. Ouvert au grand public tous les jours dès mardi, il vise à renseigner sur la géothermie ainsi que sur le fonctionnement du site de Vinzel. Des visites guidées de l’entier du site seront prochainement disponibles.
Le projet EnergeÔ La Côte réunit plusieurs partenaires: la Société électrique des forces de l'Aubonne (SEFA), la Société électrique intercommunale de La Côte (SEIC), les Services industriels de la Ville de Nyon (SIN), ainsi que Romande Energie.