Il faudra donc un troisième débat pour départager la gauche et la droite du Parlement, qui bataillent avec vigueur sur le sort des chauffages électriques décentralisés. C'est-à-dire les radiateurs branchés directement sur le courant, majoritaires puisqu'ils représentent 80% de la consommation des chauffages électriques vaudois.
Lors du premier débat du 8 novembre, censé sonner le glas des chauffages électriques en terre vaudoise, un amendement inattendu, déposé par le député-électricien Guy Gaudard, avait permis de sortir les installations décentralisées du projet. Son amendement avait été accepté à une voix près.
Rebelote mardi après-midi, mais cette fois-ci avec un amendement du Vert'libéral David Vogel, demandant de revenir au projet initial du Conseil d'Etat, soit l'interdiction pour tous les chauffages électriques.
La gauche, alliée aux Vert'libéraux, a pu alors prendre sa revanche, l'emportant par 72 voix à 71. C'est le vote de la présidente du Grand Conseil, la Verte Séverine Evéquoz, qui a fait pencher la balance.
"L'amendement Gaudard encourage le statu quo et l'immobilisme. C'est une reddition, alors que nous devons aller vers la transition" énergétique et écologique, a argumenté David Vogel. Selon lui, sortir les chauffages décentralisés du projet de loi reviendrait à faire "d'une exception la règle".
"Intérêt collectif"
A droite, le PLR Grégory Bovay a dénoncé le caractère "punitif et injuste" de ce projet de loi, notamment envers les petits propriétaires. "Il faut penser à ces centaines de ménages vaudois qui se sentiront punis et considérés comme de mauvais éco-citoyens", a-t-il dit.
Le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos a rétorqué qu'il n'était pas question de "mettre le couteau sous la gorge" de ces propriétaires, mais de les accompagner, financièrement par exemple, pour changer de chauffage. Des dérogations seront aussi prévues, a-t-il relevé.
Le ministre de l'environnement a souligné "l'intérêt collectif" d'interdire de tels chauffages. "Utiliser de l'électricité pour se chauffer, c'est inefficient", a-t-il affirmé, rappelant aussi que ces chauffages représentaient environ 15% de la consommation d'électricité hivernale.