La limitation du prix de vente du pétrole russe, une nouvelle sanction des pays occidentaux devant entrer en vigueur lundi, a pour objectif d'assécher une partie des revenus colossaux que Moscou tire de l'exportation de ses hydrocarbures et ainsi diminuer sa capacité à financer son effort militaire.

Mais des doutes existent quant aux effets à court terme de cette mesure qui plafonne à 60 dollars le prix du baril russe, qui vaut environ 65 dollars actuellement. Kiev juge cette limite insuffisante.

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"Pas d'impacts sur l'intervention"

"De telles mesures n'auront pas d'impacts" sur l'intervention en Ukraine, a commenté lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. L'économie russe "a toutes les capacités nécessaires" pour financer son offensive.

"En revanche, ces mesures auront sans aucun doute un impact sur la stabilité du marché mondial de l'énergie (...) C'est un pas vers sa déstabilisation", a poursuivi M. Peskov.

L'activation d'un plafonnement coïncide avec l'entrée en vigueur lundi d'un embargo de l'UE sur l'importation de pétrole russe acheminé par voie maritime.

Mesures de rétorsion en préparation

M. Peskov a prévenu que Moscou était en train de "préparer" des mesures de rétorsion, mais n'a pas donné de précisions. Le Kremlin a déjà affirmé qu'il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui adopteraient le plafonnement.

En attendant de constater l'effet éventuel de cette mesure, les Ukrainiens continuent de souffrir des coupures d'électricité en plein hiver, conséquence de récents bombardements russes ayant visé les infrastructures énergétiques.

Toujours des coupures en Ukraine

Lundi, la situation restait "difficile", selon l'opérateur national Ukrenergo, avec des "coupures qui persistent" en raison de "dégâts considérables".

A Borodianka, une ville au nord-ouest de Kiev recouverte de neige et de verglas, de grandes tentes équipées de poêles à bois ont été installées pour permettre à la population de se réchauffer ou de cuisiner lorsque le courant vient à manquer.

"L'électricité est coupée pendant quatre heures (de suite), parfois six heures", témoigne un de ses habitants, Serguiï, avant de déchirer les pages d'un vieux livre pour confectionner un allume-feu.

A côté, un homme barbu découpe du bois avec une hachette, pendant qu'une femme roule de la pâte pour faire des petits pains farcis. Le feu ronronne, un samovar est posé sur le poêle pour réchauffer l'eau.

"Le plan est simple : on a du bois et on s'assied ici", reprend Serguiï. Mais il redoute des coupures encore plus longues qui seraient "très dures, surtout pour les enfants".

Un hiver rude en vue

La perspective de nouvelles frappes russes sur le réseau énergétique fait craindre un hiver particulièrement rude pour la population civile et une nouvelle vague de réfugiés quittant l'Ukraine.

Les bombardements continuent aussi de semer la mort. "Cette nuit, trois missiles ont touché un site industriel de Kryvyï Rig", dans le sud de l'Ukraine, a déclaré la présidence ukrainienne, précisant qu'une personne avait été tuée et trois hospitalisées.

Signe des souffrances endurées depuis des mois, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a diffusé sur Twitter une photo montrant un monticule de débris de roquettes et de missiles russes qui se sont abattus sur la deuxième ville d'Ukraine, Kharkiv (nord-est).

"Ce n'est qu'un petit échantillon des projectiles que la Russie a tirés sur le territoire ukrainien. Il faut une solution pour fermer l'espace aérien", a-t-il déclaré.

Attaques russes vers Bakhmout

Les combats continuent aussi de faire rage sur la longue ligne de front. L'armée ukrainienne a ainsi annoncé lundi avoir repoussé, au cours des 24 heures précédentes, plusieurs attaques, notamment dans le secteur de Bakhmout, dans l'est, où les forces de Moscou sont à l'offensive.

Cette ville, que les Russes tentent de conquérir depuis l'été, a été ravagée par les affrontements, avec de nombreux bâtiments réduits à des amas de décombres.