Fondateur de l'Apple Daily, journal critique du pouvoir chinois qui a été contraint de fermer, M. Lai venait récemment de passer vingt mois derrière les barreaux pour sa participation à des manifestations et à des rassemblements non autorisés.
Agé de 75 ans, il doit encore être jugé prochainement pour "collusion avec des forces étrangères", une infraction à la drastique loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin qui est passible de la prison à perpétuité.
"Grossièrement injuste"
A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, a évoqué dans un tweet une condamnation "grossièrement injuste" et appelé "une nouvelle fois Pékin à respecter la liberté d'expression, y compris de la presse, à Hong Kong".
Alors que ses précédents séjours en prison étaient liés à son rôle dans les manifestations pro démocratie qui ont secoué le territoire chinois en 2019, l'affaire pour laquelle il a été condamné samedi concerne la violation des conditions de location des bureaux de son journal.
M. Lai et Wong Wai-keung, un ancien dirigeant d'Apple Daily, ont été reconnus coupable de fraude en octobre dans ce que le juge Stanley Chan a décrit comme un plan "planifié, organisé et qui a duré des années".
Les procureurs ont déclaré qu'une société de conseil gérée par M. Lai pour son usage personnel avait occupé des bureaux loués par Apple Daily à des fins de publication et d'impression. Cela constituait, selon eux, une violation des conditions de location signées avec une société gouvernementale et équivalait à une fraude.
"Rien à voir avec la liberté de la presse"
De leurs côtés, les avocats de la défense avaient fait valoir que l'affaire aurait dû faire l'objet d'un procès civil plutôt que pénal, ajoutant que la superficie concernée était minime.
M. Wong, 61 ans, a été condamné à 21 mois de prison. Le juge a reproché à l'Apple Daily d'avoir abusé de sa réputation de média bien connu pour en faire un "bouclier protecteur", qui empêchait le propriétaire d'agir en cas de violation des conditions du bail.
Mais "ne faites aucun lien avec la politique", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que l'affaire n'avait rien à voir avec la politique ou la liberté de la presse.
Jimmy Lai, l'une des figures de proue du mouvement pro démocratie à Hong Kong, est depuis longtemps ouvertement critique envers Pékin. Pendant des années, son journal a critiqué le pouvoir chinois avant d'être contraint de fermer mi-2021 après un gel de ses fonds et l'arrestation de certains de ses cadres et de son fondateur.