Après deux semaines de délibération, les jurés l'ont estimé coupable de toutes les accusations portées par la première des quatre accusatrices. Ils l'ont déclaré non coupable concernant celles d'une deuxième femme, et n'ont pas formulé de verdict concernant les allégations portées par les deux autres.

L'ancien "roi" du cinéma de 70 ans, qui a produit de grands succès primés comme "Pulp Fiction" ou "The Artist", purge déjà une peine de 23 ans de prison après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires. Après le verdict de Los Angeles, il encourt jusqu'à 24 ans supplémentaires derrière les barreaux.

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Les enquêtes de presse qui avaient révélé les premières accusations en 2017 ont provoqué #MeToo, mouvement mondial de libération de la parole des femmes sur les violences sexistes et sexuelles.

"Harvey Weinstein a détruit une partie de moi pour toujours" a réagi lundi dans un communiqué la première victime, à laquelle les jurés ont donné entièrement raison. Anonyme comme les quatre autres plaignantes, elle a espéré qu'il "ne voit jamais de sa vie l'extérieur d'une cellule de prison."

"Verdict partiel"

Au cours de ce nouveau procès, ces quatre femmes ont accusé avec force détails le producteur de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et de Los Angeles entre 2004 et 2013. Une cinquième a finalement refusé de témoigner.

Après des semaines d'audiences éprouvantes, souvent interrompues par les sanglots des plaignantes, l'accusation avait dépeint M. Weinstein comme un ogre tout puissant, un "prédateur" dont la mainmise sur Hollywood - les films qu'il a produits ont reçu plus de 330 nominations aux Oscars et 81 statuettes - a longtemps empêché ses victimes de parler, par peur de répercussions sur leur carrière.

En costume gris, l'ancien géant du cinéma a plongé la tête dans ses mains lorsque les déclarations de culpabilité ont été prononcées. Le procureur de Los Angeles George Gascon a regretté la décision en demi-teinte des jurés. "Je suis bien sûr déçu que le jury ait été partagé sur certains des chefs d'accusation, mais j'espère que son verdict partiel apporte au moins un peu de justice aux victimes", a-t-il réagi dans un communiqué.

Appel à New York

Le verdict de ce nouveau procès à Los Angeles était particulièrement important pour l'ex-producteur. Car après un refus initial de la justice, la Cour suprême de New York l'a finalement autorisé en août à faire appel de sa condamnation de 2020, une décision initiale qui avait constitué une victoire majeure du mouvement #MeToo.

Combative, sa défense a systématiquement mis en doute la parole des quatre accusatrices au cours du procès et a insisté sur le manque de preuves matérielles et d'éléments médico-légaux. Elle avait particulièrement incriminé Jennifer Siebel-Newsom, l'épouse du gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui a révélé son identité au cours du procès.

Selon la défense, elle a eu une relation consentie en échange de faveurs à Hollywood, qu'elle a ensuite regrettée et transformée en accusations, en surfant sur l'avalanche de révélations visant M. Weinstein au début du mouvement #MeToo en 2017. Un argumentaire qui a instillé le doute chez les jurés: Mme Siebel-Newsom fait partie des deux femmes pour lesquelles ils n'ont pas prononcé de verdict.

"Nous les survivantes"

Dans un communiqué, l'actrice s'est concentrée sur la reconnaissance de culpabilité partielle prononcée lundi. "Harvey Weinstein ne violera plus jamais d'autre femme", s'est-elle réjouie. "Il va passer le reste de sa vie là où il le mérite, derrière les barreaux."

Jennifer Siebel-Newsom a toutefois souligné "le sexisme, la misogynie et les tactiques de harcèlement" employées par les avocats de M. Weinstein pour "nous ridiculiser, nous les survivantes". "Ce procès a été un puissant rappel du travail qu'il nous reste à faire en tant que société", a-t-elle estimé.

Au total, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d'agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, certaines remontant à 1977. L'ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.