"Les besoins énergétiques de la Suisse dépendent à plus de 70% de l'étranger et en hiver, le déficit de courant est plus important qu'en été", a indiqué à la presse réunie à Sion Stéphane Maret, président du conseil d'administration de MBR SA. Selon lui, le projet de palier hydroélectrique que porte la société qu'il préside "fait partie de la solution".

La future centrale-barrage de basse chute sera similaire à celles présentes sur les cours d’eau comme l’Aar et le Rhin. Elle affichera une production annuelle d'environ 80 Gwh (80 millions de kilowattheures), soit l'équivalent de la consommation d'électricité de 20'000 ménages ou d'environ quinze éoliennes.

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La part de l'énergie produite injectée en hiver s'élèvera à 45%, contre "25 à 30%" pour les autres aménagements hydroélectriques, précise Julien Derivaz, directeur de MBR SA. La centrale exploitera une hauteur de chute brute moyenne de 7.5 m environ, et un débit maximum de 220 mètres cubes par seconde.

Nature et mobilité douce

"On ne peut pas réaliser un tel projet sans impact sur la nature", a admis Philippe Dürr, vice-président du conseil d'administration de MBR SA. Un "travail très constructif" a été mené avec le WWF et Pro Natura et a conduit à la signature d'une convention avec les deux organisations de protection de la nature.

Diverses mesures environnementales sont ainsi prévues sur "8 hectares au total", comme la revitalisation des embouchures de trois cours d'eau dans le Rhône et la création d'une zone nature à haute valeur écologique à proximité du palier. "Nous respecterons toutes ces mesures, nous sommes un partenaire fiable", a assuré Stéphane Maret.

Le site doit aussi être "accueillant" pour la mobilité douce. Le palier lui-même "sera franchissable" via un pont qui reliera les cantons du Valais est de Vaud.

En ce qui concerne la migration piscicole, les partenaires prévoient un passe (ou échelle) avec trois entrées pour favoriser la remontée du fleuve par les poissons; pour permettre à ces derniers de redescendre, ils ont opté pour une grille et une espèce de by-pass, utilisés notamment en Amérique du Nord et au Canada. Pour que le dispositif soit efficace, des contrôles et des ajustements seront sans doute nécessaires, également pour l'aménagement hydroélectrique de Lavey (VD) qui ne dispose pas pour l'heure de telles infrastructures.

Soirée questions-réponses

MBR SA - qui regroupe l'entreprise valaisanne FMV, les services industriels de Lausanne (SiL) et Romande Energie - a déposé le dossier de demande d'autorisation de construire l'aménagement auprès des cantons de Vaud et du Valais. Le dossier intègre également les travaux prévus par la 3e correction du Rhône dans le secteur couvert par la concession hydroélectrique.

La mise à l'enquête publique concerne les communes de Bex et Ollon pour Vaud, Massongex et St-Maurice en Valais. Le volumineux et complexe dossier contient quelque 300 documents: "Nous serons à disposition de la population lors de deux soirées questions-réponses organisées à Massongex et à Bex en janvier", précise Julien Derivaz.

Le coût du futur palier hydroélectrique sur le Rhône est estimé à 140 millions de francs. Un investissement couvert par MBR SA qui espère obtenir une contribution fédérale de l'ordre de 50 à 60%, soit environ 70 millions de francs.

La construction de l'aménagement durera deux ans et demi à trois ans. Une ouverture est espérée en 2027; un objectif "très ambitieux", reconnaît Stéphane Maret.

Feu Hydro-Rhône

Ce projet de production d'électricité au fil de l'eau est issu d'un projet datant des années 1980 baptisé Hydro-Rhône. Il prévoyait d'implanter dix usines semblables dans le lit du Rhône, avec une production annuelle de 780 millions de kWh.

Contesté, le projet a fini dans un tiroir. Mais les études de l'époque mettaient en évidence le potentiel intéressant du palier numéro 8, celui de Massongex, que les partenaires actuels ont relancé en 2008 en le coordonnant étroitement avec celui de la 3e correction du Rhône.