Ces frappes ont fait "3 morts et 6 blessés, dont un enfant", a indiqué jeudi soir le ministre de l'Intérieur ukrainien Denys Monastyrskyi à une télévision locale.

Dans ce contexte de bombardement, le Bélarus, plus proche allié de Moscou et base arrière des forces ayant envahi l'Ukraine, a dit avoir abattu au-dessus de son territoire un missile de défense anti-aérienne S300 provenant "du territoire ukrainien". Une première depuis le début de l'invasion russe il y a plus de 10 mois.

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Les autorités ont diffusé les images de fragments tombés dans un champs de la région de Brest près du village de Gorbakha, dans le sud-ouest du pays. Elles ont également convoqué l'ambassadeur d'Ukraine pour réclamer une enquête "approfondie" et de "punir les responsables".

Kiev n'a pas tardé à réagir officiellement, évoquant une possible "provocation" de la part de Moscou pour entraîner le Bélarus dans sa guerre.

"La partie ukrainienne n'exclut pas une provocation délibérée de l'État terroriste russe, qui a tracé une telle route pour ses missiles de croisière afin de provoquer leur interception dans l'espace aérien au-dessus du territoire du Bélarus", a indiqué le ministère ukrainien de la Défense dans un communiqué.

Kiev s'est aussi dit "prêt à mener une enquête objective en Ukraine sur l'incident survenu le 29 décembre dans le ciel au-dessus du territoire du Bélarus", a ajouté le ministère, précisant vouloir coopérer avec des "experts" internationaux dont "les Etats ne sont pas associés au soutien" de la Russie.

En Ukraine, le commandant en chef des forces armées, Valéry Zaloujny, a indiqué que 54 des 69 missiles russes lancés contre l'Ukraine avaient été abattus jeudi, "protégeant des éléments-clés de notre infrastructure économique", selon le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov.

L'armée de l'air a fait état de 11 drones explosifs Shahed, de fabrication iranienne, détruits.

Sans discernement

Mais les tirs qui ont touché leurs cibles ont provoqué de nouveaux dégâts sur un réseau électrique déjà très endommagé par près de trois mois de bombardements de ce type.

"Malheureusement, en raison de dégâts importants sur le réseau, il nous est difficile de fournir de l'électricité aux régions de Kharkiv, Kiev, Odessa, Mykolaïv, Kherson et Lviv", a déploré le patron de l'opérateur Ukrenergo, Volodymyr Koudrytskiï, à la télévision ukrainienne.

Mais "l'ennemi n'a pas atteint son objectif: le système fonctionne" et "une partie a (déjà) été restaurée", a-t-il ajouté.

Les coupures de courant se sont multipliées jeudi dans le pays, alors que des millions de civils ukrainiens vivent déjà depuis des semaines avec une électricité fortement rationnée, des problèmes d'eau et de chauffage en plein hiver.

Dans la région de Kharkiv (est), "un homme de 50 ans" a été tué et une personne hospitalisée à la suite de tirs russes, selon le gouverneur Oleg Synegoubov.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a dénoncé des frappes d'une "barbarie insensée" lancées contre "des villes ukrainiennes pacifiques juste avant le Nouvel An".

Sur Twitter, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a fustigé une attaque qui "détruit sans discernement les infrastructures et les installations médicales, cible et tue délibérément des civils".

Dans le noir

Après une série de revers militaires sur le terrain à la fin de l'été et à l'automne, le Kremlin a changé de tactique et commencé en octobre à frapper régulièrement les transformateurs et centrales électriques de l'Ukraine.

Jeudi, Lviv, la grande ville de l'ouest de l'Ukraine, était à 90% privée d'électricité. Dans la région du même nom, 282 localités étaient également sans courant.

A Kiev, à la mi-journée, 40% des habitants étaient sans électricité du fait des frappes sur des infrastructures à l'extérieur de la ville.

Selon un responsable militaire, la défense antiaérienne a pu néanmoins abattre la totalité des 16 missiles ayant visé la capitale. Mais des débris sont tombés sur des habitations et un terrain de jeu, faisant trois blessés dont une jeune fille de 14 ans, selon les autorités municipales.

Dans le quartier de Bortnytchi, une demi-douzaine de maisons ont subi des dégâts, selon un journaliste de l'AFP. Dans une rue, gisaient des amas de câbles, de planches et de briques.

Tetiana Denysenko, 62 ans, s'est précipitée dans le quartier lorsqu'on lui a dit que la maison où vivent sa fille et sa petite-fille avait été fortement endommagée.

"Ma fille aînée a été emmenée en ambulance. On est en train de l'opérer", sanglote cette dame. "Mais Dieu merci les enfants sont vivants !

A Odessa, grand port du Sud-Ouest, 21 missiles ont été abattus par la défense antiaérienne ukrainienne, selon le gouverneur Maksym Martchenko. Mais d'autres ont touché leurs cibles, si bien qu'il y a, là aussi, des coupures de courant.

La Russie déterminée

Le président russe Vladimir Poutine a justifié début décembre cette tactique des frappes massives affectant des millions de civils, par des attaques ukrainiennes contre des infrastructures russes.

Il présente en outre toujours son invasion de l'Ukraine, qui dure depuis plus de 10 mois, au prix de lourdes pertes, comme "une nécessité", assurant que l'Occident se servait de l'Ukraine comme d'une tête de pont pour menacer la Russie.

Sur le terrain, les combats continuent de faire rage, avec une bataille particulièrement sanglante pour Bakhmout, ville de l'Est que la Russie tente de conquérir depuis des mois, et Kreminna, que les forces ukrainiennes tentent de reprendre.

Kherson, grande ville du sud d'où les forces russes ont fui le 11 novembre, est désormais la cible de frappes russes presque quotidiennes.

En Russie, la défense antiaérienne a abattu jeudi un drone dans la région de la base militaire clé d'Engels, située à 500 kilomètres de la frontière ukrainienne et déjà frappée lundi par une attaque meurtrière au drone attribuée à l'Ukraine.