Le chiffre a été annoncé mardi par les douanes belges, lors d'une conférence de presse conjointe entre la Belgique et les Pays-Bas pour marquer leur "coopération intensive" dans la lutte contre ce trafic international. Les deux pays voisins sont avec l'Espagne dans le trio de tête des voies d'accès à l'Europe de la cocaïne, expédiée principalement du Panama, de la Colombie et d'Equateur.

Mais l'écart se creuse entre le port d'Anvers et celui de Rotterdam (Pays-Bas), où les interceptions de poudre blanche ont baissé l'an dernier, à 46,8 tonnes contre 72,8 en 2021. Le parquet néerlandais a précisé que le chiffre de 52,5 tonnes annoncé dans un premier temps pour Rotterdam intégrait aussi les saisies dans la cité portuaire de Vlissingen, en Zélande.

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A l'inverse la Belgique continue de voler de record en record. La barre des 100 tonnes a été pour la première fois dépassée à Anvers.

Les saisies y ont porté en 2022 sur 109,9 tonnes, contre 89,5 tonnes en 2021, ont précisé les douanes. Le chiffre de 2021 marquait déjà un bond de 36% sur un an grâce à la quantité d'informations collectées auprès des trafiquants avec l'infiltration du réseau de téléphones cryptés Sky ECC.

Accélération en automne

Les saisies "se sont accélérées à l'automne", a souligné une porte-parole des douanes belges. Elle a rappelé que les fêtes de fin d'année marquaient généralement un pic dans la consommation de cocaïne. Et plusieurs semaines en amont, les cartels augmentent les livraisons de poudre blanche pour préparer ce "White Christmas", expression imagée qu'affectionne Kristian Vanderwaeren, administrateur général des douanes.

M. Vanderwaeren a insisté mardi sur "la créativité des organisations criminelles" pour répondre à la demande croissante de cocaïne, ce à quoi les autorités doivent s'adapter. La Belgique compte recruter 108 douaniers supplémentaires et du nouveau matériel de scannage pour 70 millions d'euros afin de renforcer ses contrôles.

"Pour les Pays-Bas, les investissements des prochaines années porteront notamment sur l'intelligence artificielle, la détection chimique, le traçage des conteneurs", a-t-il été souligné dans un communiqué commun aux deux pays.

"Narco-terrorisme"

Les gouvernements belge et néerlandais s'inquiètent tous de la criminalité de plus en plus violente générée sur leur territoire par le trafic de drogue. Lundi, une fillette de 11 ans a été tuée à Anvers lorsque la maison dans laquelle elle se trouvait a été la cible de coups de feu, vraisemblablement dans le cadre d'un règlement de comptes entre bandes rivales.

Fin 2022, le parquet de la cité flamande indiquait avoir recensé en cinq ans "plus de 200 actes de violence liés à la drogue". Les tirs d'arme à feu ou jets d'engins explosifs ciblés sont souvent considérés comme de l'intimidation. Ils visent aussi à attirer l'attention de la police sur une famille ou un lieu plus qu'un autre.

Quant aux menaces, elles peuvent cibler le plus haut niveau de l'Etat: en septembre, un projet d'enlèvement du ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne a été déjoué. Ce responsable libéral flamand a dû être placé sous étroite surveillance policière avec sa famille. Il a imputé ce projet au "narco-terrorisme" sévissant désormais en Belgique.