Un peu moins d'une année après le rejet par le peuple d'un vaste paquet de soutien aux médias, la COFEM recommande un système "technologiquement neutre". Un modèle qui traiterait de la même manière toutes les offres de contenus, qu'elles soient imprimées, diffusées en streaming, proposées sous forme de texte, de vidéo ou d'audio.

"Les entreprises de médias doivent pouvoir décider librement du mode de diffusion qu'elles jugent le plus adéquat pour atteindre la population", affirme le rapport. Condition pour pouvoir prétendre aux deniers publics, les médias soutenus devraient s'adresser à un large public et s'engager à respecter l'autorégulation de la branche.

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Aide aux offres gratuites aussi

L'aide serait même indépendante du modèle commercial, ce qui ouvrirait la voie au soutien d'offres gratuites financées exclusivement par la publicité.

"Celui qui donne l'argent ne doit pas décider du modèle d'affaires", a déclaré devant la presse la présidente de la COFEM, Anna Jobin, qui a reconnu que cet aspect avait donné lieu à de longues discussions au sein de la commission. La presse a toujours été financée par la publicité, a-t-elle fait valoir, ajoutant que l'information gratuite doit aussi pouvoir être soumise à des critères de qualité.

Un soutien à la presse reste indispensable, selon le groupe d'experts. Dans un pays fédéral et plurilingue comme la Suisse, la démocratie directe ne peut fonctionner qu'avec une information diversifiée. Celle-ci est cependant menacée en raison des difficultés financières que traverse le secteur.

"Mauvaises incitations"

L'approche actuelle ne correspond plus à l'évolution technique ni aux changements sociaux et économiques. Aujourd'hui, n'importe quel contenu peut être diffusé sur n'importe quel canal, souligne le rapport.

Aujourd'hui, l'aide à la presse repose notamment sur la réduction des tarifs postaux pour la distribution des journaux et une quote-part de la redevance pour certaines radios et TV régionales, qui doivent remplir en échange un mandat de service public. Il n'y a en revanche aucune aide de ce genre pour les offres journalistiques en ligne et pour la presse imprimée.

"Le système actuel crée des dissymétries et de mauvaises incitations", a relevé le vice-président de la COFEM, François Besençon.

Davantage d'aide pour les petits

L'aide aux médias privés pourrait passer par une prise en charge minimale des coûts d'exploitation, a expliqué la COFEM, qui n'a pas articulé de chiffres, soulignant que c'était là le rôle de la politique. "Peu importe le montant, l'important est de bien investir les sommes à disposition", a dit Anna Jobin.

Vu les réalités du marché, il serait judicieux de concevoir une aide dégressive, afin de soutenir de manière plus importante les plus petits médias, précise néanmoins le rapport.

La COFEM admet qu'un tel changement de système ne pourra se faire qu'à moyen terme et qu'il nécessitera des mesures transitoires. Elle est toutefois convaincue que ce modèle "incitera fortement les médias privés existants à investir dans une offre en ligne attrayante à se développer en fonction des besoins des utilisateurs".

Un coup de pouce à la formation

La COFEM préconise aussi une série de mesures générales, dont certaines faisaient déjà partie du train de mesures balayé le 13 février dernier en votation populaire.

Ainsi, elle propose de soutenir la formation des journalistes, alors que les ressources restreintes empêchent de nombreux médias d'envoyer des journalistes suivre des cours. La COFEM pense qu'il vaut notamment la peine d'encourager les programmes des écoles comme le Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM) à Lausanne.

Autre mesure ayant fait les frais du vote du 13 février, la COFEM remet sur la table le soutien au Conseil suisse de la presse (CSP). Mais pour assurer l'indépendance de l'organe d'autorégulation de la branche, les subventions ne doivent être que subsidiaires, le fonctionnement devant être assuré avant tout par le secteur lui-même.

Aide à l'agence de presse

Les experts défendent aussi le principe d'un soutien à une agence de presse nationale indépendante en trois langues. Ils relèvent l'importance de Keystone-ATS, qui met à disposition des médias une "offre de base fiable, neutre et actuelle", en prenant en compte tous les cantons, "un élément crucial dans un pays fédéral". Là aussi, les experts soulignent que l'agence doit être soutenue par l'ensemble de la branche.

La commission d'experts préconise aussi de soutenir l'innovation, afin de favoriser l'éclosion de nouveaux médias ou d'accompagner des projets de médias déjà existants.