Ces objectifs ont été formulés mercredi à Zurich par le nouveau président de l'association des éditeurs alémaniques Schweizer Medien, Andrea Masüger, à l'occasion de la traditionnelle réunion de l'Epiphanie.

Le président du VSM a souligné que si les grands groupes ont réussi leur transition numérique, les plus petites rédactions sont encore à la peine dans ce domaine. Au sein de ces dernières, Andrea Masüger observe une "résignation rampante" à ce sujet.

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"Soigner le dialogue avec les politiques"

"Nous comptons sur une nouvelle version, amaigrie, de l'aide aux médias, que nous appelons 'aide aux médias 2.0'. Elle doit permettre aux petits et moyens éditeurs aussi d'effectuer leur virage digital", a déclaré Andrea Masüger, un peu moins d'une année après l'échec devant le peuple d'un vaste train de mesures en faveur des médias, que d'aucuns ont qualifié de trop chargé.

"Les choses bougent au niveau politique, des interventions parlementaires sont pendantes", a relevé l'ancien patron du groupe grison Somedia, qui souhaite soigner le dialogue avec la politique. "Nous sentons un soutien de gauche à droite", a assuré M. Masüger.

Propositions de la COFEM critiquées

Le Grison s'exprimait au lendemain de la présentation par la COFEM d'un nouveau modèle d'aide à la presse, accueilli fraîchement par une bonne partie de la branche, éditeurs compris.

Ceux-ci se montrent perplexes face à la proposition de ce groupe d'experts d'une aide "technologiquement neutre" pour tous les médias privés, où les journaux ne bénéficieraient plus de l'aide indirecte à la distribution via des tarifs postaux préférentiels.

Les propositions de la COFEM n'ont aucune chance politiquement à Berne, a pronostiqué mercredi Andrea Masüger. Il a rappelé que le train de mesures balayé par le peuple le 13 février 2022 avait notamment échoué en raison de l'aide directe prévue dans le domaine online. Il s'est cependant dit confiant que certains aspects non contestés pouvaient être récupérés.

Thierry Burkart pour le droit voisin

Hôte d'honneur de cette édition, le président du PLR Thierry Burkart a aussi critiqué les propositions de la COFEM. Il a rejeté toute aide directe aux médias. Ce type de mesures risque de remettre en cause l'indépendance des médias, et nuit à leur crédibilité. L'aide indirecte a montré son efficacité, elle peut éventuellement être renforcée, mais doit dans tous les cas être limitée dans le temps, a souligné Thierry Burkart.

Il a défendu un système libéral où une pluralité de médias indépendants évoluent en concurrence. L'Etat doit pour sa part assurer les conditions cadres, qui permettent à la concurrence de fonctionner et les prestations des journalistes d'être correctement honorées.

Il a ainsi plaidé en faveur de l'introduction en Suisse d'un droit voisin, qui a des chances selon lui au niveau politique. Cette norme, comparable au droit d'auteur, permet aux éditeurs de réclamer des dédommagements aux plateformes comme Google ou Facebook pour l'utilisation de leurs contenus.

"Objectif numéro un"

"Notre objectif numéro un cette année est d'obtenir une percée au niveau du droit voisin", a confirmé Andrea Masüger, précisant que ce but était complémentaire d'une avancée dans la question de l'aide aux médias.

Le droit voisin a été intégré à la législation européenne en 2019 et le Conseil fédéral souhaite suivre cet exemple. Un projet devrait être mis en consultation prochainement, a précisé le directeur du VSM Stefan Wabel. Il a souligné que le système ne profitera pas uniquement aux médias écrits, mais aussi aux entreprises de radio et de TV. Et les journalistes aussi devraient recevoir une compensation appropriée.