"Les institutions démocratiques sont fragilisées", a mis en garde le président de la Confédération devant les participants au Forum économique mondial (WEF). "L'Etat de droit est menacé", a-t-il ajouté, relevant que la part de la population vivant en démocratie a reculé de plus de moitié en quelques années.
La montée du populisme constitue une réaction aux inégalités grandissantes sur de nombreuses questions, analyse M. Berset. "C'est politiquement toxique", a-t-il insisté. Et le chef du Département fédéral de l'intérieur (DFI) d'appeler à oeuvrer face à cette situation. Il a plaidé notamment pour davantage d'"équité sociale", y compris dans les discussions au WEF.
Indispensable multilatéralisme
Devant Mme Zelenska, il a à nouveau dénoncé l'"attaque brutale" de la Russie contre l'Ukraine, mais aussi contre le droit international et le multilatéralisme. La Suisse fera "tout son possible" pour renforcer ces deux valeurs au Conseil de sécurité de l'ONU.
Et avec l'Ukraine, les gouvernements doivent faire preuve de solidarité avec la population restée dans le pays, mais aussi avec les réfugiés, insiste le président.
Les défis actuels, de la pandémie aux migrations en passant par le changement climatique, la prolifération des armes ou la guerre, demandent davantage de multilatéralisme, selon M. Berset. La Suisse veut oeuvrer au Conseil de sécurité pour la protection des populations. Le Fribourgeois doit lui-même piloter une rencontre de haut niveau en mai prochain à New York sur cette question.
Inquiétude alimentaire
L'insécurité alimentaire qui augmente préoccupe aussi le socialiste. Au total, 350 millions de personnes sont menacées de malnutrition aiguë, contre 150 millions environ avant la pandémie et la guerre en Ukraine. Les effets du conflit sur les pays africains "sont dramatiques", selon M. Berset.
L'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes négocié par l'ONU entre Moscou et Kiev a contribué ces derniers mois à faire redescendre les prix, mais ceux des engrais inquiètent aussi bien l'ONU que la Suisse.
Moins d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus dans la station grisonne jusqu'à vendredi. Malgré les défis importants dont la communauté internationale doit discuter, de l'inflation à la crise énergétique en passant par l'Ukraine, la situation de certains pays rendait difficile une participation de haut niveau.
Le président brésilien Lula en prise avec les émeutes dans son pays et qui veut cibler d'abord l'Amérique latine, son homologue chinois Xi Jinping en proie à l'augmentation du Covid-19, la présence de dirigeants du G20 est peu élevée. Seuls le chancelier allemand Olaf Scholz, déjà un habitué et qui doit s'exprimer mercredi, et le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, attendu jeudi, sont de la partie.
Poignée de main avec von der Leyen
Comme l'année dernière avec Ignazio Cassis, aucune discussion formelle n'est prévue entre la présidente de la Commission européenne et le président de la Confédération en dehors d'une seule poignée de main, symbole du blocage encore important pour les Européens.
Un nouveau round exploratoire pour faire avancer la relation est d'ailleurs au menu vendredi à Bruxelles, au dernier jour du WEF. A Davos, seule Karine Keller-Sutter doit rencontrer un membre de la Commission européenne, Paolo Gentiloni, en charge de l'économie.
Plusieurs discussions avec des responsables d'Etats membres de l'UE doivent toutefois avoir lieu. Pas moins d'une cinquantaine de dialogues sont prévus au total pour les six conseillers fédéraux présents dans la station grisonne, dont un tiers environ pour le seul président de la Confédération.
Près de 3000 participants sont rassemblés cette année pour une réunion du WEF qui retrouve les températures plus froides. Comme toujours, un important dispositif de sécurité a été établi.