Dans ce contexte, l'Union européenne a annoncé qu'elle accordait 500 millions d'euros supplémentaires pour fournir des armements à Kiev et qu'elle allouait 45 millions d'euros pour la formation des militaires ukrainiens sur le territoire de l'UE.
Signe des tensions croissantes avec Moscou, deux des trois pays baltes, l'Estonie et la Lettonie, ont chacun annoncé dans la journée leur décision d'expulser l'ambassadeur de Russie sur leur sol, emboîtant le pas à la Lituanie qui avait fait de même l'année dernière.
Le gouvernement allemand apparaissait pour sa part divisé sur la question de la livraison de chars lourds. Jusqu'ici évasif, le chancelier Olaf Scholz, auquel il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé la veille que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.
En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l'autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers.
Kiev veut "des centaines" de chars
"Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire", a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. "Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition, même si l'Allemagne n'en fait pas partie".
La Pologne, prête à envoyer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d'Etats à ce sujet, de nombreuses armées européennes possédant de tels blindés, susceptibles d'avoir un impact significatif pour les Ukrainiens face au rouleau-compresseur des troupes russes.
"Nous avons besoin (...) de plusieurs centaines" de chars, a martelé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak, à un moment où les Russes sont à l'offensive, dans l'est de l'Ukraine en particulier.
Lundi, au lendemain des propos d'Annalena Baerbock sur la livraison des chars Leopard, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position : "le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant".
La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.
Tirs d'artillerie russes
Sur le terrain, des tirs de l'artillerie russe ont fait lundi un mort, un civil, à Antonivka, un village de la région méridionale de Kherson, a déploré son gouverneur, Iaroslav Ianouchevitch.
La veille, un dirigeant de l'autorité locale d'occupation installée par Moscou avait affirmé que l'armée russe progressait en direction de deux localités de la région de Zaporijjia, également dans le sud, où les affrontements avec les troupes de Kiev se sont intensifiés cette semaine.
Un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est quant à lui affiché à Soledar, une petite ville dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine. Pour les Russes, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, qu'ils cherchent à conquérir depuis l'été. Selon M. Pouchiline, les combats s'y "intensifient" et les soldats russes "avancent".
L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, maintenant que les combats continuaient dans sa partie occidentale. "L'ennemi poursuit son offensive dans les secteurs de Bakhmout et d'Avdiivka visant à s'emparer de toute la région de Donetsk, malgré des pertes élevées", a noté dans la soirée l'état-major de l'armée ukrainienne.
L'Afrique du Sud "amie" de la Russie
Sur le front diplomatique, l'Afrique du Sud, critiquée pour sa position "neutre" refusant de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, a franchi un nouveau cap lundi en se proclamant "amie" de la Russie.
L'Estonie et la Lettonie ont annoncé expulser les ambassadeurs de Russie respectivement à Tallinn et à Riga. Les Estoniens ont agi ainsi à la suite d'une décision similaire prise quelques heures auparavant par les Russes à l'encontre du chef de leur représentation diplomatique à Moscou.
Les Lettons ont pour leur part expliqué leur geste par leur "solidarité avec l'Estonie et la Lituanie", qui avait annoncé en octobre l'expulsion du chargé d'affaires russe, et a également rappelé son ambassadeur en poste en Russie
Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années et plus encore depuis que les Russes ont lancé leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre.