"La priorité, l'urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre", a insisté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'organisation transatlantique, avant une réunion du "groupe de Ramstein".
Toutes les décisions sur les envois d'armements à l'Ukraine sont prises dans cette instance constituée et présidée par les Etats-Unis, à laquelle participent une cinquantaine de pays. La plupart de ses réunions se déroulent sur la base américaine de Ramstein en Allemagne.
Discussion sur les avions
"Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d'avancer pendant la contre-offensive de printemps", a assuré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Il a insisté sur l'artillerie, la défense antiaérienne et les blindés mais n'a pas cité les avions de combat dans les livraisons d'armements.
"Les avions de combat ne sont pas la question la plus urgente mais une discussion est en cours", a assuré de son côté Jens Stoltenberg. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui insisté dans la soirée sur la nécessité de livraisons rapides d'armes à son pays, la pression militaire russe étant de plus en plus forte dans l'est.
"L'Ukraine et ses partenaires font tout ensemble pour que l'Etat terroriste perde. Et pour que cela se produise le plus vite possible", a-t-il déclaré, évoquant des accords pour "plus de systèmes de défense aérienne, plus de chars, plus d'artillerie et d'obus".
Combats acharnés autour de Bakhmout
Ces demandes ukrainiennes, régulièrement réitérées, se font plus insistantes à un moment où les troupes russes avancent peu à peu dans l'est et notamment au nord de Bakhmout, l'épicentre des affrontements depuis plusieurs mois. Des combats acharnés se poursuivent autour de cette ville forteresse, a à cet égard constaté mardi une équipe de l'AFP.
"Bakhmout ne sera pas prise demain, parce qu'il y a une forte résistance, un pilonnage, le hachoir à viande est en action", a reconnu le patron de l'organisation paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, qui a engagé ses unités dans cet assaut.
M. Zelensky a de son côté évoqué une situation "extrêmement difficile" dans les régions de Lougansk et de Donetsk, où les soldats luttent "pour chaque mètre de terre ukrainienne".
Système de défense antiaérienne
Présent à la réunion avec les occidentaux mardi, le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov a de son côté insisté à sa manière sur la demande d'avions de combat pour Kiev en défroissant devant les caméras un foulard portée en pochette sur laquelle était dessiné un de ces appareils.
"Il est dans son rôle mais les Ukrainiens savent très bien qu'il faudra au moins une année pour les obtenir", a confié un des participants. "Tout le monde comprend que la question de la défense antiaérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat", a soutenu le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius.
Plusieurs annonces ont été faites à l'issue de la réunion, notamment celle de la fourniture d'un système de défense antiaérienne Mamba (SAM-T), l'équivalent du Patriot, par la France et l'Italie. Une arme qui vaut 500 millions d'euros. La France va également produire des obus de 155 mm avec l'Australie et les blindés AMX-10 promis à l'Ukraine seront livrés dans les prochains jours.
L'Allemagne a pour sa part fait état de la relance d'une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, le premier contrat porte sur 300'000 munitions livrables à Kiev à partir de juillet.
Industrie de défense sous pression
Les munitions pour les armements fournis à l'Ukraine sont devenues la priorité et le problème des alliés. "Il s'agit d'une guerre d'usure et d'une bataille logistique", a insisté M. Stoltenberg. Le président russe "Vladimir Poutine ne se prépare pas à la paix. Il se prépare à une nouvelle offensive, à de nouvelles attaques".
"Le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production", a averti le chef de l'Otan. "Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression", a ajouté le responsable norvégien, appelant à augmenter les cadences d'une part et à investir dans les capacités de production d'autre part.
Des bataillons pour l'été
Le calendrier pour la fourniture des armements et la formation des unités ukrainiennes en Europe est devenu un enjeu majeur dans ce conflit provoqué par l'invasion russe déclenchée le 24 février 2022.
"Les Russes n'ont aucune inhibition sur leurs pertes. L'offensive est lancée avec une masse de combattants et cela provoque des tensions et des difficultés sur le terrain", a souligné un des participants.
La cadence des formations des militaires ukrainiens en Pologne s'est accélérée avec l'objectif d'avoir trois bataillons pour l'été, a-t-il précisé.