"Les importations d'or remplissent les conditions applicables au moment de leur importation", a précisé mardi l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) dans un communiqué. Au total, la Suisse a acheté 5662 kilogrammes de ce métal précieux, un volume en hausse de 19,3% comparé à décembre.

Dans le sens des exportations, les ventes à la Russie ont atteint au total 282 millions de francs (+15,1%), dont environ 247 millions (+26,7%) pour le seul secteur de la chimie-pharma. Le solde est principalement composé de denrées alimentaires et de boissons, ainsi que de textiles, de métaux et de machines industrielles.

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Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a près d'un an, le Conseil fédéral a pourtant imposé plusieurs restrictions commerciales à Moscou.

Hormis un plafonnement des prix du pétrole brut et des produits pétroliers russes, les sanctions comprennent notamment un embargo sur les importations de produits sidérurgiques et de biens destinés à l'industrie aéronautique et spatiale depuis la Russie. Sont également touchés les biens d'équipement militaires. Cet embargo a été partiellement étendu à l'Ukraine.

Depuis le 3 août 2022, l'importation directe et indirecte d'or en provenance de Russie est interdite, le Conseil fédéral s'étant aligné sur l'embargo sur les exportations d'or russe approuvé le 21 juillet dernier par l'Union européenne.

Inquiétudes sur l'or émirati

Cette décision a un certain impact sur l'économique helvétique, dans la mesure où, selon des estimations du WWF, les raffineries basées au Tessin et en Suisse romande - Argor Heraeus, Metalor, MKS Pamp et Valcambi - traitent jusqu'à 70% de l'or extrait à travers le monde. La Suisse est par ailleurs une importante plaque tournante du commerce de métaux précieux.

"Le fait déterminant est que l'or n'a pas été exporté de Russie après le 4 août 2022. De plus, l'or a été importé en Suisse depuis le Royaume-Uni et non directement depuis la Russie", a détaillé l'OFDF dans une réponse à l'agence AWP.

Quant à l'ONG Swissaid, elle estime que "cet or est visiblement stocké de longue date dans des coffres à Londres ou dans des entrepôts libres et n'est donc pas concerné par les sanctions. Il s'agit vraisemblablement d'or d'origine russe qui a été exporté avant les sanctions, voire même avant la guerre".

"Notre inquiétude porte plutôt sur les importations indirectes d'or russe, notamment via les Emirats arabes unis. L'or y est alors fondu puis retravaillé avant d'être envoyé en différents lieux de la planète, notamment en Suisse, affichant une nouvelle origine", a indiqué l'ONG à AWP, avertissant qu' "il est impossible d'opérer une véritable traçabilité de l'or".

Cette dernière "réclame donc la mise en oeuvre de mesures supplémentaires visant à empêcher les importations indirectes d'or russe sur sol helvétique". Une déclaration du pays d'origine réel de l'or transitant par des pays intermédiaires où il subit une transformation constituerait une mesure importante, a poursuivi l'ONG.

Dans ce contexte, Swissaid pointe du doigt les importations en janvier de 40,3 tonnes d'or en provenance des Emirats arabes unis, selon les chiffres de l'OFDF.