Ce sont 311'000 emplois qui ont été créés le mois dernier, contre 504'000 en janvier (chiffre révisé en baisse). Les analystes attendaient 205'000 créations.

Quant au taux de chômage, il grimpe à 3,6%, après être tombé en janvier à 3,4%, son plus bas niveau depuis 1969.

"Des créations d'emploi notables ont eu lieu dans les loisirs et l'hôtellerie, le commerce de détail, le gouvernement et les soins de santé. L'emploi a diminué dans l'information et dans le transport et l'entreposage", a précisé le département du Travail dans son communiqué.

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Ce rapport sur l'emploi revêt une importance particulière, car, après deux années de pénurie de main d'oeuvre, il va peser lourd dans la balance de la banque centrale américaine (Fed), qui se réunit les 21 et 22 mars, et s'inquiète de l'inflation toujours très forte.

En jeu: une hausse du taux directeur peut-être plus forte qu'attendu, ce qui fera grimper les taux d'intérêts des prêts bancaires, et réduira encore le pouvoir d'achat des ménages.

"Si la totalité des données" sur l'emploi, l'inflation, la consommation, notamment, "devait indiquer qu'un resserrement plus rapide était justifié, nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux", avait déclaré mardi le président de la Fed, Jerome Powell, devant une commission du Sénat.

Hausse des salaires

Voir les prix cesser de flamber suppose de faire ralentir la consommation, et donc l'activité économique, ce qui s'accompagne généralement d'une hausse du chômage.

Hors, jusqu'ici, les actions de la Fed, c'est-à-dire les hausses successives du taux directeur pour renchérir le coût du crédit, n'ont eu que peu d'effet sur l'économie.

Jerome Powell avait cependant jugé "possible de ramener l'inflation à 2%, avec des effets moins significatifs sur le marché du travail" que ce qui avait été observé dans les périodes antérieures de ralentissement économique.

Les chiffres de l'emploi dans le secteur privé, l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi, avaient pourtant montré un toujours robuste niveau d'embauches, ce qui "est bon pour l'économie et les travailleurs, mais la croissance des salaires est encore assez élevée", avait commenté Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.

"Le léger ralentissement de la hausse des salaires, à lui seul, ne devrait pas pouvoir faire baisser rapidement l'inflation à court terme", avait-elle souligné.

Licenciements

Mais le lendemain, une étude du cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas, avait montré qu'en février, les employeurs américains ont supprimé 77.770 emplois, soit quatre fois plus qu'il y a un an.

Il s'agit même du plus grand nombre de suppressions d'emploi pour un mois de février depuis 2009, alors en pleine crise des subprimes.

"Il semble clair que les employeurs restent attentifs à la hausse des taux prévue par la Fed. Ils s'attendent à un retournement (de l'économie américaine, NDLR) et baissent leurs dépenses partout", avait estimé le vice-président du cabinet, Andrew Challenger, cité dans un communiqué.

Le secteur de la tech, notamment, a multiplié les annonces de licenciements. Mais cela ne représente qu'une petite proportion de la masse salariale américaine. Le secteur du détail et de la finance, cependant, sont également concernés.

Autre signal d'un possible ralentissement: les inscriptions au chômage sont repassées au dessus des 200.000 au cours de la semaine du 27 février au 4 mars, pour la première fois depuis le début de l'année, avait indiqué jeudi le département du Travail. Bien qu'à des niveaux historiquement faibles, ces inscriptions pourraient commencer à signaler le retournement du marché du travail, selon certains économistes.