Lorsque le président américain a reçu la présidente de la Commission européenne dans le bureau ovale, il ne faisait aucun doute que le principal sujet serait l'"Inflation Reduction Act". Il s'agit d'un énorme plan d'aide à la transition énergétique lancé par Joe Biden, soutenant sans complexe le "Made in America" notamment via des incitations fiscales à l'achat de véhicules électriques et dont les industriels européens redoutent les effets.

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Pour tempérer au moins un peu ces craintes, les deux dirigeants ont promis, dans un communiqué commun à la fin de leur rencontre, de "commencer immédiatement à négocier en vue d'un accord ciblé sur les métaux stratégiques" de la transition énergétique.

Compétition

Joe Biden, qui n'a pas l'intention de beaucoup modifier son programme, a néanmoins promis à la dirigeante européenne de "travailler pour éviter une compétition à somme nulle, afin que nos politiques d'aides publiques soutiennent le développement des énergies propres et de l'emploi sans devenir des aubaines pour les intérêts privés", selon leur communiqué conjoint.

Avant que la réunion bilatérale ne débute, le président américain avait rappelé avoir promis à son interlocutrice une "nouvelle ère" dans la relation transatlantique, durement éprouvée par son prédécesseur à la Maison-Blanche Donald Trump, et loué leur unité face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

"Je tiens à vous remercier pour votre rôle moteur" dans la conclusion d'un accord avec le Royaume-Uni sur la délicate question de la frontière nord-irlandaise après le Brexit, a encore dit le démocrate de 80 ans, qui suit ce sujet de très près.

Les Etats-Unis et l'Union européenne "sont de bons amis", a dit Ursula von der Leyen, assurant être "très reconnaissante" de l'aide apportée par les Américains pour réduire la dépendance européenne au gaz russe.

Ukraine et Chine

L'Ukraine a également été au menu des discussions, au lendemain d'une salve massive de missiles russes contre le pays. "Nous sommes ensemble dans le soutien sans failles à l'Ukraine, aussi longtemps qu'il le faudra", lit-on dans le communiqué commun.

Ursula von der Leyen a indiqué qu'il avait surtout été question des sanctions contre la Russie, de leur "mise en oeuvre" et des moyens d'éviter qu'elles ne soient contournées.

Grande absente des déclarations officielles vendredi: la Chine. A l'heure où les Etats-Unis accusent ouvertement Pékin d'envisager une aide militaire à la Russie, Washington voudrait convaincre l'Union européenne d'adopter une position plus ferme face à Pékin.

"La commission a clairement fait entendre que les Européens avaient une vision spécifique de la façon dont ils veulent maintenir des relations avec la Chine", a analysé pour l'AFP Elvire Fabry, de l'institut Jacques Delors, un centre de réflexion basé à Paris.

"Préoccupations partagées"

"L'administration Biden a un peu réajusté la tonalité de son dialogue avec les Européens sur ce thème. Elle s'efforce de passer d'une logique de pression pour plus d'alignement sur la position américaine à une logique de concertation" avec Bruxelles, a ajouté l'experte. Le communiqué conjoint de Joe Biden et Ursula von der Leyen comporte, tout au plus, une allusion codée à la Chine.

Les deux dirigeants y font part de leurs "préoccupations partagées face au défi que représentent, entre autres, les politiques de pression économique, l'instrumentalisation des dépendances économiques et les politiques économiques non concurrentielles."

Autant de pratiques que Pékin est régulièrement accusé de mettre en oeuvre.