Un peu plus de 100'000 personnes (103'084), soit 7,46% des Parisiens inscrits sur les listes électorales, ont pris part à cette "votation" inédite.

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, s'était engagée "à respecter purement et simplement le résultat". Elle-même avait fait campagne pour le vote "contre", en soulignant que l'éviction de ces trottinettes réduirait "les nuisances" sur le bitume et les trottoirs de sa ville.

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Après les avoir accueillis en 2018, Paris va donc devenir la première capitale européenne à complètement interdire ces deux-roues en libre-service, à la fin des contrats liant la ville aux trois opérateurs privés Dott, Lime et Tier Mobility. "Le 1er septembre prochain, il n'y aura plus de trottinettes en libre-service à Paris", a confirmé Anne Hidalgo en proclamant les résultats dans la soirée.

La maire a salué une "belle journée pour la démocratie participative, qui vaut beaucoup mieux que la démocratie d'opinion et la démocratie sondagière". "Cent mille votants, c'est quelque chose de très positif et de très encourageant, surtout à un moment où la démocratie ne va pas bien", a-t-elle estimé, prévoyant déjà une nouvelle votation au printemps 2024, qui pourrait rassembler "plusieurs questions" à définir.

Conséquences sociales

A contrario, les opposants à la municipalité n'ont pas manqué de juger la participation beaucoup trop faible pour que la maire puisse s'en réjouir. "Les Parisiens ont marqué leur profond désintérêt pour la votation (...) organisée par Anne Hidalgo", a raillé la droite municipale dans un communiqué.

Déplorant que le scrutin ne soit organisé que dans une vingtaine de lieux de la capitale, les opérateurs de trottinettes avaient réclamé, en vain, un vote électronique, plus mobilisateur chez les jeunes, leur première clientèle. "La mobilisation aurait pu être plus large et représentative si les modalités de la votation avaient été différentes: plus de bureaux de vote, scrutin électronique, information municipale", ont estimé les trois exploitants privés dans un communiqué commun.

"Le résultat de cette votation aura un impact direct sur les déplacements de 400'000 personnes par mois", ont-ils prévenu. Sans omettre de préciser qu'il aura aussi des conséquences sur les finances de la ville, puisque les trois loueurs lui versaient annuellement quelque 930'000 euros.

Ces sociétés, qui gèrent 15'000 trottinettes à elles trois, ont tout tenté pour échapper à l'éviction, craignant qu'elle n'envoie un signal négatif aux villes moyennes hésitant à autoriser ce service. Y compris avec des méthodes controversées, comme l'offre d'une course gratuite dimanche et le recours à des influenceurs sur les réseaux sociaux pour mobiliser leur jeune clientèle. "En toute légalité", s'est défendu Nicolas Gorse, directeur général de Dott France.

Conséquences sociales

Les opérateurs ont aussi alerté des conséquences économiques d'une interdiction, l'activité de location de trottinettes à Paris représentant 800 emplois. "A partir de maintenant, notre priorité en tant qu'employeurs responsables est d'assurer l'avenir de nos salariés", ont souligné dimanche soir les trois opérateurs.

La mairie va "travailler avec eux les aspects sociaux" du dossier, a assuré de son côté le maire-adjoint aux transports, David Belliard. Les trottinettes électriques sont accusées par leurs détracteurs d'être abandonnées n'importe où dans l'espace public, de frôler à toute vitesse les piétons sur les trottoirs, ou encore de présenter un mauvais bilan carbone.

Dangereux quand ils sont mal conduits, ces deux-roues - en libre-service ou non - ont été impliqués dans 408 accidents à Paris en 2022, dans lesquels trois personnes sont mortes et 459 ont été blessées, selon les autorités. "On est satisfait" du vote, a réagi auprès de l'AFP Arnaud Kielbasa, cofondateur d'Apacauvi, une association qui défend les victimes d'accidents de trottinettes. Car, pour lui, "le libre-service est très accidentogène et très polluant", et "incompatible avec des villes denses comme Paris".