Ces pays ont évoqué une "mesure de précaution" visant à "stabiliser" le marché.
Lundi vers 07h45, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai bondissait de 4,54% à 83,53 dollars, après avoir déjà retrouvé vendredi soir le niveau affiché avant la crise bancaire en gagnant 0,63% à 79,77 dollars. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain de même échéance, ils décollaient de 4,59% à 79,15 dollars, après avoir pris 1,74% à 75,67 dollars vendredi soir.
La coupe des six pays producteurs, qui débutera en mai et se prolongera jusqu'à la fin de l'année, signifie au total une baisse de la production d'environ un million de barils par jour (bpj), soit la plus importante réduction depuis octobre 2022. Celle de l'Arabie saoudite atteindra 500'000 bpj. L'Irak procédera à une diminution de 211'000 bpj, les Emirats de 144'000 bpj, le Koweït de 128'000 bpj, l'Algérie de 48'000 bpj et Oman de 40'000 bpj, ont déclaré chaque pays via leurs agences de presse officielles respectives.
Ces baisses auront toutes lieu à partir de mai jusqu'à fin 2023. Elles ont lieu "en coordination avec certains pays membres de l'Opep et non membres de l'Opep", selon le ministère algérien de l'Energie. Ces annonces interviennent à la veille d'une réunion par visioconférence du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), un panel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (Opep+).
Appels des Etats-Unis ignorés
En février, les membres du JMMC avaient "réaffirmé leur engagement" envers l'accord décidé en octobre, qui les avait engagés à une coupe drastique de leur production de deux millions de bpj pour soutenir les prix. Il s'agissait alors de la plus importante réduction depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Cette nouvelle baisse de la production, qui s'ajoute à celle décidée en octobre, intervient malgré des appels des Etats-Unis à augmenter le nombre de bpj, sur fond d'inflation galopante alors que la Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre son économie après s'être repliée sur elle-même pendant la pandémie de Covid-19. L'annonce d'octobre avait été vécue comme un camouflet par Washington qui redoutait une envolée des prix des carburants sur fond d'inflation élevée.
Cette nouvelle coupe "intervient après que les prix du pétrole aient atteint en mars leur plus bas niveau en deux ans (...) à moins de 80 dollars pour le baril de Brent, un niveau inacceptable pour les membres de l'Opep+", explique à l'AFP Ibrahim al-Ghitani, expert du marché pétrolier, basé aux Emirats. Les réductions "changeront les mécanismes du marché et soutiendront les prix au-delà de leur niveau actuel", assure-t-il.
La demande en pétrole est menacée par "la perspective d'une haute inflation et des pressions récessionistas", signale Yesar al-Maleki, analyste au Middle East Economic Survey, mettant lui aussi en cause les remous suscités par la faillite de la banque américaine SVB et le sauvetage de Credit Suisse. Si la nouvelle baisse "n'est pas entièrement inattendue", affirme l'expert, elle "comporte un élément de surprise, en ce qui concerne les volumes", car ceux-ci "s'ajoutent à la coupe de 2 millions de bpj consentie en octobre 2022 et prolongée jusqu'à fin 2023."
"Incertitude"
Moscou a ainsi annoncé - par la voix de son vice-Premier ministre chargé de l'Energie, Alexandre Novak - continuer à réduire sa production de pétrole brut de 500'000 bpj jusqu'à la fin de l'année. Membre de l'Opep+, M. Novak a évoqué une période d'"incertitude" sur le marché de l'or noir, évoquant une "action responsable et préventive". Il s'agit d'une "mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier", a déclaré pour sa part un haut responsable du ministère saoudien de l'Energie, cité par l'agence saoudienne SPA.