M. Lavrov s'exprimait devant la presse à l'issue d'un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, dont le pays s'est beaucoup investi dans la conclusion de cet accord l'été dernier.

"S'il n'y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d'engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire", a prévenu M. Lavrov.

L'accord, qui permet d'exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré la guerre, a été prolongé le 19 mars.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Le ministre russe a ensuite été reçu par le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel, accueilli par une longue poignée de mains par le chef de l'Etat en campagne pour sa réélection le 14 mai. Aucun détail n'a filtré des discussions.

M. Erdogan et Vladimir Poutine se sont rencontrés à quatre reprises l'an dernier et échangent régulièrement par téléphone, la dernière fois le 25 mars.

Mais Moscou a proposé soixante jours plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de 120 jours en insistant sur le respect de l'autre volet de l'accord, qui concerne ses propres exportations d'engrais.

Inégalités dénoncées

Théoriquement, ces produits indispensables à l'agriculture mondiale ne tombent pas sous le coup des sanctions occidentales imposées à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022. Mais elles sont de fait entravées par les banques.

Selon le ministre turc, "les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont pris des mesures en termes de paiement et d'assurance, mais des problèmes persistent. Certaines banques n'ont pas fait le nécessaire".

De même, a poursuivi M. Cavusoglu, "des mesures ont été prises pour réexpédier de l'ammoniac et des engrais russes des pays occidentaux vers les pays africains, mais le problème n'est pas résolu".

Par ailleurs, M. Lavrov a dénoncé l'inégalité des exportations ukrainiennes entre pays riches et pauvres.

Selon le Centre de coordination conjointe chargé de superviser l'accord international, 56% des exportations étaient destinées aux pays en développement, et 5,7% ont concerné les pays les moins avancés, qui totalisent plus de 12% de la population mondiale.

"Nouvel ordre mondial"

La Russie et la Turquie agissent de concert dans plusieurs dossiers internationaux et Moscou avait fait valoir avant l'arrivée de M. Lavrov la nécessité de "synchroniser les montres" avec Ankara.

La Turquie est parvenue depuis le début du conflit à maintenir des relations avec l'Ukraine et la Russie et M. Cavusoglu a exprimé vendredi "son inquiétude (concernant) une escalade du conflit au printemps".

Mais, a prévenu M. Lavrov, des négociations de paix sur l'Ukraine ne seront possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine.

"Les négociations ne peuvent avoir lieu que sur la base de la prise en compte des intérêts russes", a-t-il insisté. "Il s'agit des principes sur lesquels sera fondé le nouvel ordre mondial".

Syrie

La Russie entend promouvoir une réconciliation entre Ankara et son allié syrien et a convoqué plusieurs réunions, restées jusqu'ici sans résultat.

Le président syrien Bachar al-Assad a conditionné toute rencontre avec M. Erdogan à un retrait des forces turques présentes dans le nord de la Syrie pour prévenir les attaques kurdes.

Mais le porte-parole et conseiller diplomatique du président Erdogan, Ibrahim Kalin, a annoncé mercredi une prochaine réunion à Moscou des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, plus ceux de Russie et d'Iran.

Celle-ci aura lieu "dans les jours qui viennent" avec les chefs des renseignements des quatre pays, a précisé M. Kalin: ce dernier a d'ailleurs rencontré le président Poutine jeudi à Moscou, a annoncé le Kremlin.

"Le dialogue doit se poursuivre. Il serait bénéfique que les consultations se poursuivent de la même manière", a confirmé vendredi le ministre turc.