A Shanghai, le président brésilien Luiz Inacio Lula avait clamé la veille que le Brésil était "de retour sur la scène internationale", voulant ainsi tourner la page de l'isolement sous la présidence de son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Le président Lula, qui a critiqué jeudi l'omniprésence du dollar américain, a également déclaré que l'approfondissement des relations de son pays avec la Chine n'est pas négociable.
"Hier, nous avons rendu visite à Huawei, pour dire au monde que nous n'avons pas de préjugés dans nos relations avec les Chinois et que personne n'empêchera le Brésil d'améliorer ses relations avec la Chine", a déclaré le président Lula avant sa rencontre avec le président Xi Jinping, selon une vidéo publiée par les médias brésiliens.
Priorité diplomatique
Huawei est fortement implanté au Brésil, contrairement aux Etats-Unis où les entreprises n'ont pas le droit de traiter avec le géant chinois.
De son côté, le président Xi a déclaré à son homologue brésilien que la Chine considérait les relations entre leurs pays comme une haute priorité diplomatique, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.
En outre, les deux dirigeants ont appelé les pays développés à tenir leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays les plus pauvres pour lutter contre les effets du changement climatique.
"Nous continuons d'être très préoccupés par le fait que le financement pour le climat accordé par les pays développés n'atteigne toujours pas l'engagement de 100 milliards de dollars par an, comme chaque année depuis que l'objectif a été fixé en 2009", selon les termes du communiqué.
Nouvelles opportunités
"Nous exhortons les pays développés à honorer leurs obligations non remplies en matière de financement sur le climat", y est-il ajouté.
La Chine a également promis vendredi "de nouvelles opportunités" pour le Brésil et le monde.
"La Chine poursuivra un développement de haute qualité, accélérera la création d'un nouveau paradigme de développement et s'engagera dans la promotion d'une ouverture de haut niveau", a affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères.
Le dirigeant brésilien de gauche de 77 ans, qui a assisté à l'intronisation de l'ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff à la tête de la banque des Brics, dont le siège est à Shanghai, en a profité jeudi pour fustiger le Fonds monétaire international (FMI), qu'il a accusé d'"asphyxier les économies de pays comme l'Argentine".
Les Brics sont un groupe de pays émergents qui réunit le Brésil, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Afrique du Sud, fondé en 2006, lors du premier passage de Lula à la présidence (2003-2010).
"Aucun dirigeant ne peut travailler avec le couteau sous la gorge parce qu'il est endetté", a déclaré l'ancien syndicaliste.
Le chef de l'Etat de la première économie d'Amérique latine a également déploré que le dollar américain soit encore utilisé pour la plupart des échanges internationaux.
"Aujourd'hui, un pays doit se procurer des dollars pour exporter alors qu'il pourrait le faire dans sa propre monnaie", a-t-il ajouté.
Appels à la négociation sur l'Ukraine
Fin mars, lors d'un forum économique regroupant plusieurs dizaines de patrons brésiliens en Chine, les deux pays ont noué un accord prévoyant que leurs échanges pourront être effectués dans leur propre monnaie, sans utiliser le dollar.
Deux banques - une de chaque pays - ont été désignées pour réaliser les opérations de change qui permettront à l'exportateur de recevoir dans sa monnaie un paiement fait par l'importateur dans sa devise d'origine.
Concernant l'invasion russe de l'Ukraine, Lula et Xi ont déclaré que "le dialogue et la négociation" étaient le "seul moyen possible" de résoudre la crise, appelant les autres nations à jouer un "rôle constructif" pour un règlement politique, selon l'agence officielle Xinhua.
La Chine et le Brésil n'ont jamais imposé de sanctions financières à la Russie.
Lula espère jouer à nouveau le rôle de médiateur qui avait contribué aux accords nucléaires entre l'Iran et les Etats-Unis lors de son deuxième mandat (2007-2010).
La Chine, elle, est sous une pression internationale croissante pour peser sur Moscou et l'amener à la table des négociations.
Les échanges commerciaux entre le Brésil et la Chine ont atteint 150 milliards de dollars en 2022, avec 89,7 milliards de dollars exportés par les Brésiliens vers la Chine.