Voté à 54 voix pour (avec 43 voix contre), la loi SB419 doit encore être promulguée par le gouverneur républicain de cet Etat du nord-ouest du pays, qui compte un peu plus d'un million d'habitants. Le texte ordonne aux magasins d'applications mobiles (Apple et Google) de ne plus distribuer TikTok.
Comme de nombreux élus démocrates et républicains du Congrès américain, les représentants du Montana pensent que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes, fréquentée par 150 millions d'Américains, permet à Pékin d'espionner et de manipuler les utilisateurs.
"Il est temps de tenir tête aux Chinois et de bannir TikTok", a lancé jeudi le représentant Brandon Ler après un réquisitoire contre la Chine, qui "veut nos données et notre propriété intellectuelle", et une application dangereuse pour "la santé et la sécurité, surtout des plus jeunes". "TikTok permet et promeut des défis dangereux, comme de jeter des objets sur des véhicules en mouvement ou de consommer trop de médicaments", a-t-il ajouté.
"Précédent désastreux"
TikTok nie depuis des années ces accusations. Auditionné en mars par une commission parlementaire du Congrès à Washington, le patron de l'entreprise, Shou Chew, a mis en avant les moyens mis en oeuvre pour stocker toutes les données des utilisateurs américains uniquement aux Etats-Unis.
"Cette loi constitue une violation choquante des droits des habitants du Montana en matière de liberté d'expression" et un "précédent désastreux", avait réagi Vanessa Pappas, la directrice des opérations de TikTok, après un vote du Sénat du Montana en faveur de l'interdiction début mars.
"Manque d'expertise"
Des élus démocrates opposés à la nouvelle loi ont fait valoir lors d'un débat jeudi que de nombreux reproches faits à TikTok en matière de confidentialité des données, de désinformation ou d'effets néfastes sur la santé (addiction, dépression, etc.) s'appliquent aussi à d'autres réseaux sociaux. "Il y a un immense fossé entre les enjeux très sérieux de ce sujet (...) et le manque d'expertise de cette assemblée", a ainsi déclaré Zooey Zephyr.
Cette représentante a aussi souligné que les habitants du Montana pourront quand même télécharger ou mettre à jour l'application simplement en se rapprochant de la frontière avec les Etats voisins ou en utilisant un VPN (réseau virtuel privé), qui permet d'accéder à internet depuis une autre localisation. Plusieurs experts indépendants ont noté que la loi serait certainement contestée en justice, et avait peu de chances d'être appliquée telle quelle.
Apple et Google n'ont pas réagi dans l'immédiat à des sollicitations de l'AFP. Le texte mentionne des amendes pour les sociétés en infraction, mais pas pour les utilisateurs. Il est aussi précisé que la loi serait invalidée si TikTok était acquise par une entreprise d'un pays "non considéré comme un ennemi" des Etats-Unis.
La Maison Blanche a récemment incité TikTok à chercher ce type de solution - un rachat par une société américaine - si elle veut pouvoir rester aux Etats-Unis. Le gouvernement discute aussi avec le Congrès concernant plusieurs projets de lois visant à interdire l'application.