Les autorités françaises ont suivi de près ce nouveau rassemblement d'écologistes qui survient près d'un mois après une manifestation contre la création de méga-réserves d'eau, dans un département de l'ouest de la France, et qui avait viré à l'affrontement entre forces de l'ordre et opposants. Trois personnes avaient été grièvement blessées et une vive polémique sur l'usage excessif de la force avait alors éclaté.

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Dansant au rythme des percussions, parfois sous la pluie, environ 8200 personnes selon les organisateurs, 4500 selon la préfecture, ont marché tout l'après-midi sur des sentiers et à travers bois, suivant une partie du tracé de la future autoroute A69, censé relier les villes de Toulouse et Castres.

Certains manifestants brandissaient des banderoles: "Moins d'énergie, moins de voitures, moins de goudron", ou encore "A69, une autoroute en cul-de-sac qui se finira en tête à queue".

"Arrêt immédiat"

Lors d'une conférence de presse, les associations écologistes dont le collectif La voie est libre, Extinction Rebellion, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre (SLT), organisateurs de la manifestation, ont demandé "l'arrêt immédiat" du chantier.

Leurs représentants ont rappelé leur proposition d'aménagement de la route existante et dénoncé la perte de terres agricoles ou de biodiversité qu'entraînerait la construction de cette portion d'autoroute de 53 km.

Plusieurs élus s'opposent aussi au projet d'autoroute, dont le député écologiste (EELV) Julien Bayou qui l'a qualifié d'"anachronique". "C'est un projet qui date des années 90, qui pense le territoire et l'aménagement du territoire uniquement avec la voiture et les autoroutes. Et en fait ça, c'est plus possible!", a déclaré à l'AFP Sandrine Rousseau, députée écologiste, sur place, estimant qu'"il n'y a vraiment pas besoin d'une autoroute en plus".

Mais d'autres élus soutiennent le projet, qui réduirait d'une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse en 2025, d'une durée d'un peu plus d'une heure aujourd'hui.

Projet "exemplaire"

Atosca, concessionnaire privé de l'A69, juge ce projet "exemplaire" pour l'environnement ou l'emploi. Concernant les terres agricoles, l'emprise prévue a été réduite de 380 à 300 hectares, selon son directeur général Martial Gerlinger.

Le ministère français des Transports a précisé vendredi qu'une revue des sept projets autoroutiers en cours avait été demandée dès janvier, "au regard des enjeux actuels" relatifs à l'environnement. "Le projet d'A69 ne fait pas exception à cette démarche de réexamen", ajoute le ministère mais "les travaux ont débuté, et un contrat engageant l'Etat a été signé avec le concessionnaire".

Le département du Tarn, où se déroule la manifestation, a déjà été endeuillé lors d'une précédente mobilisation contre un projet de barrage en 2014. Un militant écologiste de 21 ans avait été retrouvé mort sur le chantier du barrage de Sivens, après des affrontements d'opposants avec les forces de l'ordre.

Cinq mois plus tard, le projet était abandonné au profit d'une retenue d'eau réduite de moitié. Et le gouvernement faisait évacuer le site occupé pendant seize mois par des militants.