"Le nouveau concept de la gare de Lausanne, dont la faisabilité du projet reste à démontrer, et le retard de sa mise en service ont un impact important sur le projet de développement du métro m2 et de construction du m3", a rappelé jeudi devant les médias à Lausanne la conseillère d'Etat Nuria Gorrite. "Nous entrons dans une nouvelle phase d'optimisation, d'analyses en détail voire de revue de projet".

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L'objectif est de limiter au maximum les surcoûts et les retards, en tenant compte de l'allongement des délais, des évolutions normatives et de l'important renchérissement. Les deux projets m2 et m3 avaient été estimés à environ 1,1 milliard de francs en 2018.

"Il s'agira d'étudier la possibilité de déconnecter le chantier du m3 de celui de la gare, notamment pour le tronçon Flon - La Blécherette" (Plaines-du-Loup, écoquartier, stade de la Tuilière), a expliqué Mme Gorrite. "La marge de manoeuvre est large. Nous devons tirer parti au maximum de cette nouvelle donne avant la mise à l'enquête du m3 pour ce tronçon", a souligné Mme Gorrite.

Un leader et deux experts reconnus

Pour mener à bien cette démarche d'analyses et d'optimisation, le Conseil d'Etat a décidé renforcer la gouvernance du projet en nommant Samuel Barbou directeur stratégique du programme de développement des métros. Rattaché au Canton, cet ingénieur de 43 ans était jusqu'ici responsable de l'entité "Grands projets" des tl.

M. Barbou a conduit "avec succès" la construction du tunnel du LEB sous l'avenue d'Echallens ainsi que piloté le projet du tramway entre le Flon et Renens, rappelle le gouvernement. Il travaillera ces prochains mois de concert avec Yves Trottet, directeur opérationnel du projet des métros, avant de reprendre à terme la pleine direction du programme, précise-t-on.

Dans le même temps, le Canton a désigné deux experts reconnus pour renforcer ce pilotage aux allures de "task force": le conseiller aux Etats vaudois Olivier Français, un des pères du m2, et Philippe Gauderon, président du Conseil d'administration du LEB, ex-directeur de CFF infrastructures et ex-membre de la direction des CFF.

Annonces début 2024

L'équipe renforcée se donne au moins six mois pour étudier différents scénarios et présentera les choix retenus au début de 2024, a annoncé la ministre vaudoise des transports.

Cette phase de réflexion est lancée conjointement par l'Etat de Vaud, la Ville de Lausanne et les Transports publics de la région lausannoise (tl). Les CFF ont été mis au courant de la démarche, selon Mme Gorrite.

Pour rappel, la construction de la nouvelle station du m2 et de son nouveau tunnel sous la gare, plus à l'ouest, est confiée aux CFF et fait partie intégrante de la procédure de la gare de Lausanne. Mais les autres développements du m2 ainsi que la construction du m3 peuvent, eux, faire encore l'objet d'optimisations.

Problème d'accès

Un des problèmes majeurs soulevé jeudi, c'est la possibilité de construire la nouvelle station du m2 à la gare, plus spacieuse et moins en pente, sans que ses accès ne soient assurés en raison des retards annoncés du chantier de la gare et donc de ses nouveaux passages sous-voies. Cette équation sera compliquée à résoudre, a sous-entendu Mme Gorrite.

A ce jour, il est prévu que le futur m3 utilisera le tunnel actuel du m2 entre la gare et le Flon avant de serpenter sur un nouveau tracé jusqu'à la Bécherette via Chauderon et Beaulieu (3,6 km parcouru en 11 minutes environ). Arrivant à saturation, le m2 bénéficiera, lui, d'un nouveau tunnel au centre-ville, à double voie, afin d'augmenter sa capacité et sa cadence.

A terme, deux métros circuleront donc entre la gare et le Flon, ce qui permettra de transporter deux fois plus de voyageurs, à savoir 12'200 personnes par heure et par sens contre 5'800 aujourd'hui. Environ 100'000 personnes utilisent actuellement le m2 par jour. Le record de fréquentation a été battu en 2022 avec 32,8 millions d'usagers sur toute l'année.