Le coup de filet européen, mené notamment par la gendarmerie française et la Guardia Civil espagnole, a permis l'interpellation de quatre commanditaires en France et la saisie de 1,5 tonne d'anguilles vivantes, une espèce menacée, qui seront relâchées dans la nature.

Un vivier clandestin a été découvert en France avec des civelles de contrebande et du matériel pour stocker et ré-oxygéner ces animaux en voie d'extinction. En Espagne, la Guardia Civil a saisi plusieurs tonnes de lots congelés d'anguilles, sans données de provenance ni contrôles sanitaires, impropres à la consommation.

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Pour des millions d'euros

La gendarmerie estime à près de quatre tonnes la quantité de civelles exportées frauduleusement entre 2021 et 2023, pour un bénéfice estimé à 1,18 million d'euro. La Guardia Civil, de son côté, fait état d'une quantité allant jusqu'à 14 tonnes de civelles et 31 tonnes d'anguilles adultes soustraites du circuit légal, pour une valeur de 6,7 millions d'euros.

Quelque 115 agents ont été mobilisés en France, notamment au sein de la gendarmerie mais aussi de l'Office français de la biodiversité (la police de l'environnement).

Complicités locales

Les investigations, lancées en 2021, ont permis de constater l'implication de mareyeurs, responsables commerciaux et pêcheurs, qui prélevaient cette espèce réglementée hors quotas.

L'enquête a révélé des filières illégales d'exportation, via des intermédiaires asiatiques, par le biais de voyageurs empruntant les aéroports européens. Des viviers clandestins étaient installés en région parisienne et à Anvers, en Belgique.

Des investigations ont également été menées auprès d'une entreprise en Pologne, soupçonnée d'être une "société-écran" en vue d'exportations en contrebande vers l'Asie.

Trafic estimé à 3 milliards d'euros

La valeur annuelle du trafic illégal de civelles, menacées d'extinction et interdites d'exportation hors de l'Union européenne depuis 2010, est estimée à trois milliards d'euros. Les civelles se négocient entre 700 et 900 euros le kilo en France, où la pêche est très réglementée, et jusqu'à 5000 euros en Asie.

La contrebande de l'anguille européenne dite "Anguilla anguilla" est une des causes de la baisse de 75% de sa population en trente ans.

Les anguilles vivantes saisies se trouvent dans une ferme aquacole en Navarre (Espagne) et "leur libération est programmée afin de préserver leur survie", précise la Guardia Civil.