Cette annonce de suppression d'environ un quart des effectifs intervient dans un "marché en pleine érosion" et "extrêmement concurrentiel" pour les eaux plates, a indiqué à AWP une porte-parole de la multinationale romande. Elle est justifiée par l'arrêt de la commercialisation de la marque Vittel en Allemagne et en Autriche, annoncée en février 2022, qui a "entraîné une réduction des volumes" dans les Vosges.
A cela s'est ajoutée la récente annonce de suspendre l'utilisation de deux des six forages de l'eau Hépar, en raison de "conditions climatiques qui se détériorent". "Cette suspension amplifie la baisse des volumes de production", a complété la représentante de l'entreprise. La presse locale a évoqué une baisse de production de 60% pour Hépar, quand Nestlé se contente d'expliquer que ces deux forages représentent "une partie importante" de l'activité.
Le plan "de réorganisation" rendu public "a pour objectif d'ajuster nos capacités de production et de préserver la compétitivité et la pérennité du site" qui produit les eaux Vittel, Hépar et Contrex. Le minéralier, qui fait face à "des attentes des consommateurs en perpétuelle évolution", indique avoir mené des projets de modernisation, avec de nouveaux produits, et investi notamment "63 millions d'euros sur les trois dernières années sur le site des Vosges".
Déjà des plans sociaux
Selon le site de la radio publique France Bleu Sud Lorraine, l'annonce de ce plan social dans les Vosges s'ajoute à deux plans précédents qui avaient abouti à 214 suppressions de postes.
Nestlé Waters s'engage à "limiter au maximum les départs contraints en proposant des solutions d'aménagement de fin de carrière et des propositions de mobilité interne". Il compte "minimiser les conséquences sociales de ce projet" sur le bassin d'emploi avec un "projet de revitalisation qu'on va déployer avec les autorités locales". L'entreprise se dit "pleinement mobilisée pour assurer l'avenir" de son site Nestlé Waters Supply Est, présent à Vittel et Contrexéville.
Cette annonce, "c'est terrifiant pour les employés", a souligné auprès d'AWP Bernard Schmitt, porte-parole du Collectif Eau 88 qui dénonce l'accaparement de l'eau par le géant agroalimentaire romand et la pollution plastique.
"Cela traduit aussi l'aveuglement d'une classe politique qui s'est fondée sur une mono-industrie et qui est incapable d'anticiper ce qui va se passer alors qu'on leur dit depuis des années que cela va se passer." Il a ajouté que "plus ils prélèvent d'eau, plus ils ont des bénéfices, plus ils automatisent, robotisent, au détriment de l'emploi, ce qui permettra la vente, selon nous, du site", rappelant la cession des marques de Nestlé Waters en Amérique du Nord, finalisée en 2021.
Le groupe avait vendu huit marques de sa filiale à des fonds d'investissement pour 4,3 milliards de dollars, afin de se concentrer sur ses "marques internationales haut de gamme, les eaux minérales naturelles locales et les produits d'hydratation saine de haute qualité", indiquait Nestlé, qui exploite aussi Perrier en France ainsi que San Pellegrino et Acqua Panna en Italie.