L'organisation de la réunion du G20, sur les rives du lac Dal à Srinagar, qui doit durer trois jours, a été condamnée par la Chine et le Pakistan.
Le Cachemire est divisé entre l'Inde et le Pakistan qui, depuis leur indépendance en 1947, revendiquent la souveraineté sur la totalité de ce territoire himalayen majoritairement musulman. Il a été la cause de deux des trois guerres qui les ont opposés depuis. La partie administrée par l'Inde a connu plus de trois décennies de troubles, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.
Un événement diplomatique
La police a prévenu la semaine dernière que la sécurité avait été renforcée "dans les endroits vulnérables pour éviter tout risque d'attaque terroriste pendant la réunion du G20", premier événement diplomatique sur ce territoire depuis que New Delhi l'a placée sous son contrôle direct, en 2019.
La Chine, membre du G20, a prévenu qu'elle ne participerait pas à l'événement, et aucune délégation n'était attendue de Turquie ou d'Arabie saoudite. Deux ministres du gouvernement indien y participent. Plusieurs pays occidentaux ont envoyé du personnel diplomatique local.
"Le gouvernement Modi pense-t-il que le tourisme peut être promu dans des salles de conférences fermées, à côté d'un lac pittoresque où patrouillent des commandos de marine et des drones de surveillance au-dessus de la tête ?", s'est interrogé le journaliste Bharat Bhushan dans le quotidien indien Deccan Herald. "De telles mises en scène montrent clairement que la situation au J&K (Jammu-et-Cachemire) est loin d'être normale", a-t-il ajouté.
Possible déploiement de kamikazes
Depuis la révocation de la semi-autonomie du Cachemire indien, l'insurrection séparatiste a été en grande partie écrasée, même si de jeunes hommes continuent de la rejoindre.
Le Front populaire antifasciste, groupe séparatiste apparu au Cachemire après 2019, a publié lundi un communiqué condamnant la réunion au Cachemire et menaçant de "déployer des kamikazes".
Lundi, des soldats et des véhicules blindés ont été déployés partout dans Srinagar. Mais de nombreux points de contrôle avaient été démantelés dans la nuit et certains policiers paramilitaires, semblant s'efforcer de minimiser leur visibilité, restaient cantonnés derrière des panneaux d'affichage du G20.
Plus de cent réunions prévues
Pour se rendre au Cachemire, les journalistes étrangers doivent obtenir une autorisation spéciale du gouvernement indien, laquelle leur est... généralement refusée. Mais des permis ont été délivrés à la presse étrangère, valables uniquement pour la couverture de la réunion du G20 elle-même et limités à Srinagar.
L'Inde assure la présidence du G20 pour 2023 et a prévu plus de 100 réunions dans le pays. Pékin s'est déjà tenu à l'écart des événements organisés au Ladakh et dans l'Arunachal Pradesh.
L'Inde et la Chine sont dans une impasse militaire le long de leur frontière de facto, dans la région du Ladakh. Pékin revendique aussi l'Etat indien de l'Arunachal Pradesh comme partie du Tibet et considère le Cachemire en territoire contesté.
Opposition catégorique de la Chine
"La Chine s'oppose fermement à la tenue de toute forme de réunion du G20 sur un territoire contesté et ne participera pas à de telles réunions", a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Wang Wenbin.
Le Pakistan, qui n'est pas membre du G20, mais qui contrôle une petite partie du Cachemire, a déclaré que l'organisation de la réunion sur ce territoire violait le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et les accords bilatéraux.
Une instrumentalisation
L'Inde, qui accuse le Pakistan d'entraîner et de soutenir des séparatistes au Cachemire, ce qu'Islamabad dément, a vivement répliqué.
La semaine dernière, le rapporteur spécial des Nations unies sur les questions relatives aux minorités, Fernand de Varennes, a jugé que New Delhi "instrumentalisait" la réunion du G20 la faisant figurer comme "un sceau international d'approbation" pour une situation qui "devrait être décriée et condamnée". Ses commentaires ont été rejetés par l'Inde.
Selon un haut responsable ayant requis l'anonymat, des centaines de personnes ont été détenus dans des commissariats de police et des milliers d'autres, dont des commerçants, ont reçu des appels de responsables indiens les mettant en garde contre tout "signe de protestation ou de trouble", sur la réunion du G20.