De nombreux hôteliers ne souhaitent plus accueillir ces publics précaires car ils attendent un afflux de clientèle lors de la Coupe du monde de rugby à l'automne prochain, et des JO en 2024, notait début mai le ministre français du Logement, Olivier Klein. Près de 5000 chambres ont ainsi été perdues pour l'hébergement d'urgence, selon la députée centriste Maud Gatel.
Depuis mi-mars, l'exécutif a donc demandé aux préfets, ses représentants en province, de créer des "sas d'accueil temporaires régionaux" dans presque toutes les régions afin de "désengorger les centres d'hébergement" de la région parisienne.
Les personnes invitées à partir sont censées être prises en charge pendant trois semaines dans ces "sas" avant d'être "orientées" dans leur nouvelle région.
Le dispositif concerne surtout des migrants, très nombreux dans la région parisienne à vivre dans la rue ou en hébergement d'urgence. Toutefois il ne les vise pas spécifiquement, a précisé à l'AFP le cabinet du ministre du Logement.
Désignée par le gouvernement pour accueillir un tel centre, la ville de Bruz, (18'000 habitants, ouest de la France) a fait part mardi de son mécontentement, critiquant le choix du terrain qui jouxte une voie ferrée et est "pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds".
Depuis 2021, le gouvernement a déjà mis en place un dispositif similaire, mais centré uniquement sur les demandeurs d'asile.
Selon un rapport parlementaire rendu public mardi, ce système "a fait preuve de son utilité et de son efficacité", mais un quart des personnes concernées a refusé de quitter la région parisienne.
Le rapport appelle l'Etat à mieux protéger les élus locaux, car ces transferts font "l'objet d'une instrumentalisation politique ayant conduit à des menaces et des violences".
Pour le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, "accueillir des gens dans de bonnes conditions un peu partout en France (...) sur le principe c'est positif, mais est-ce qu'on s'en donne les moyens?"
On peut "s'étonner de la concordance de l'arrivée des Jeux olympiques et d'un programme qui vise à envoyer les migrants en province, note de son côté Eric Constantin, de la Fondation Abbé Pierre, qui se demande "si le gouvernement a voulu faire en sorte "qu'il n'y ait plus de campement avant que des millions de personnes arrivent en France".