Si le débrayage devait se confirmer, il pourrait bousculer l'économie américaine.
La puissante organisation des Teamsters négocie actuellement la prochaine convention collective avec la direction et il ne leur reste théoriquement plus que six semaines, jusqu'au 31 juillet, pour parvenir à un accord pour ses 340'000 membres.
La menace d'une grève apporterait à l'organisation et à son président, Sean O'Brien, une arme de poids dans les négociations, au vu de l'impact que cela pourrait avoir: UPS estime que ses camions transportent environ 6% du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis chaque jour.
L'incertitude sur l'issue des discussions représente un nouveau défi pour l'économie du pays, qui bénéficie d'un marché du travail solide mais pâtit d'une forte inflation. Pour accéder à son poste en 2021, Sean O'Brien s'est engagé à rester ferme envers UPS et d'autres gros groupes.
"Cette entreprise vous doit beaucoup et nous allons l'obtenir", a-t-il encore réitéré le 7 juin dans un message aux salariés du transporteur. La patronne d'UPS, Carol Tome, affirme régulièrement qu'elle espère obtenir un accord à temps. "Nous vous avions dit dès le début que ce serait agité et cela se confirme", a-t-elle déclaré en avril.
Les experts du secteur des transports s'attendent dans leur ensemble à une augmentation des salaires, même si elle ne sera probablement pas aussi élevée que celle demandée par le syndicat, remarque Anthony DeRuijter du cabinet Third Bridge. Mais "il ne devrait pas y avoir de grève", avance-t-il, car les Teamsters ont intérêt à montrer qu'ils peuvent parvenir à des avancées s'ils veulent convaincre les salariés d'autres entreprises comme Amazon de se syndiquer.
"Jusqu'à la limite"
Les deux parties ont déjà conclu un accord sur l'installation d'air conditionné et de nouveaux ventilateurs dans les camions, un aspect crucial pour des chauffeurs qui peuvent souffrir des températures élevées à l'arrière. Le syndicat a aussi obtenu que la direction ne recourt pas aux drones et à d'autres nouvelles technologies de transport sans l'avoir consulté ainsi que des restrictions sur l'utilisation de caméras surveillant les chauffeurs.
Mais Sean O'Brien, qui n'a pas donné d'objectifs chiffrés sur les salaires, a prévenu que de nombreux points restaient en discussions. Ces négociations interviennent à un moment particulier pour le mouvement syndical aux Etats-Unis. Depuis 2021, des petits groupes sont pour la première fois parvenus à créer des sections dans des grandes entreprises comme Starbucks, Amazon et Apple. Mais le taux de syndicalisation dans le secteur privé est encore descendu en 2022, à tout juste 6%.
Les syndicats dans le secteur des transports bénéficient toutefois d'une certaine dynamique depuis la pandémie, qui a mis en avant le rôle essentiel de la logistique. Mercredi, un accord a ainsi été trouvé entre l'association représentant 29 ports de la cote ouest et le syndicat représentant les dockers après des mois de discussions et deux semaines de travail au ralenti ayant affecté l'activité des ports.
Les termes du contrat n'ont pas été rendus publics mais selon Sal Mercogliano, professeur d'histoire à Campbell University qui suit de près le secteur du transport maritime, les dockers ont obtenu une augmentation substantielle. Dans un communiqué commun, les ports et le syndicat ont salué "le rôle clé" de la ministre du Travail Julie Su dans les négociations.
Le président Joe Biden, qui défend régulièrement l'importance des organisations syndicales, était lui-même intervenu fin 2022 afin d'éviter une grève dans le secteur du rail. Pour Sal Mercogliano, il est possible que le gouvernement américain oeuvre de nouveau "en coulisses" pour éviter une grève des chauffeurs et manutentionnaires d'UPS.
Si l'activité de l'entreprise a un peu ralenti depuis le pic de la pandémie, le syndicat peut invoquer la forte inflation, estime l'expert selon qui les Teamsters "vont pousser jusqu'à la limite".