Cette action vise les "violations des droits humains" causées, selon eux, par deux chantiers colossaux: le projet de forage pétrolier Tilenga, et le projet d'oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline).
Le projet Tilenga est un forage de 419 puits de pétrole, dont un tiers dans le parc naturel des "Murchison Falls" (chutes du Nil blanc, parmi les plus puissantes au monde), réserve de biodiversité et plus grand parc national d'Ouganda.
L'EACOP est un oléoduc chauffé de 1500 km jusqu'à la côte tanzanienne, qui franchit plusieurs aires naturelles protégées.
"Il s'agit cette fois-ci d'une action en réparation car les violations des droits humains causées par ses projets Tilenga et EACOP, que la première action en justice lancée en 2019 (en France) visait à empêcher, se sont désormais réalisées faute de décision judiciaire rapide sur le coeur de l'affaire", précise un communiqué de ces associations transmis à l'AFP.
Les demandeurs sont 26 membres des communautés affectées par les projets Tilenga et EACOP en Ouganda, le défenseur des droits humains ougandais Maxwell Atuhura, et cinq associations françaises et ougandaises (AFIEGO, les Amis de la Terre France, NAPE/Amis de la Terre Ouganda, Survie et TASHA Research Institute).
Une conférence de presse se tenait mardi à Paris pour annoncer cette action de justice, en présence de ces associations et de plusieurs des demandeurs ougandais, qui ont dénoncé des "violations" et du "harcèlement".
"Total a causé de graves préjudices aux demandeurs, notamment concernant leurs droits à la terre et à l'alimentation. Ils sollicitent donc la condamnation de l'entreprise à les indemniser", ajoute le communiqué.
"Il est inacceptable que les compagnies pétrolières étrangères continuent de réaliser des superprofits alors que les communautés affectées par leurs projets en Ouganda sont harcelées, déplacées, mal indemnisées et vivent dans une pauvreté abjecte sur leurs propres terres", dénonce dans ce communiqué Frank Muramuzi, directeur exécutif de l'association NAPE/Amis de la Terre Ouganda.
Selon ces ONG, plus de 118'000 personnes en Ouganda et en Tanzanie sont affectées par des expropriations totales ou partielles du fait des deux projets.
A cause de Tilenga et EACOP, des personnes "ont été privées de la libre utilisation de leurs terres et ce pendant plus de trois ou quatre ans", rapporte le communiqué. Cela a conduit à la "privation de leurs moyens de subsistance, et donc à des situations de graves pénuries alimentaires" dans certaines familles.
En outre, à partir de 2022, "les terres de certains villages ont été fortement impactées par des inondations répétées causées par la construction de l'usine de traitement du pétrole (CPF) du projet Tilenga", ajoute le communiqué.
"Plusieurs demandeurs ont subi menaces, harcèlement et arrestations simplement car ils avaient osé critiquer les projets pétroliers en Ouganda et en Tanzanie et défendre les droits des communautés affectées", dénoncent également les ONG.