Les exportations chinoises sont historiquement un levier de croissance crucial pour le pays. Hormis un bref rebond en mars et avril, les ventes du géant asiatique vers l'étranger ont été constamment en repli depuis octobre 2022. Juin ne fait pas exception: les exportations ont reculé de 12,6% sur un an, selon les chiffres en dollars publiés jeudi par les Douanes chinoises.
Des analystes sondés par l'agence Bloomberg s'attendaient à une chute plus prononcée (-15,3%). En mai déjà, les exportations chinoises s'étaient contractées de 7,5% en glissement annuel.
Cette situation a un impact direct sur l'emploi et les milliers d'entreprises chinoises tournées vers l'étranger qui fonctionnent désormais au ralenti. La menace de récession aux Etats-Unis et en Europe, combinée à l'inflation, contribue à affaiblir ces derniers mois la demande internationale en produits chinois.
La faiblesse des dernières données économiques dans les pays développés "vont mettre davantage de pression sur les exportations chinoises" ces prochains mois, prévient l'économiste Zhiwei Zhang, de Pinpoint Asset Management. Parallèlement, "les risques liés à l'unilatéralisme, au protectionnisme, à la géopolitique sont en hausse", ce qui a un "impact direct" sur le commerce chinois, a souligné un porte-parole des Douanes, Lyu Daliang.
Relance en suspens
L'an dernier déjà, les restrictions sanitaires liées au "zéro Covid" avaient durement pénalisé les entreprises tournées vers l'export, en raison des fermetures inopinées d'usines et de difficultés pour le transport et les déplacements. La Chine a finalement levé en décembre l'essentiel de ses mesures draconiennes, ouvrant la voie à une reprise progressive de l'activité. Elle demeure cependant fragile et tend à s'essouffler ces derniers mois.
Les importations du géant asiatique ont ainsi connu en juin leur huitième mois de repli d'affilée (-6,8% sur un an), signe d'une faible demande. Il s'agit d'une contraction plus prononcée que celle de mai (-4,5%) et celle prévue par les analystes interrogés par Bloomberg (-4,6%).
L'excédent commercial de la deuxième économie mondiale a malgré tout atteint 70,2 milliards de dollars (62,9 milliards d'euros), contre 65,81 milliards de dollars un mois plus tôt. Les chiffres du commerce sont les derniers d'une série d'indicateurs à traduire un essoufflement de la reprise post-Covid en Chine.
Le pays doit publier lundi le chiffre de la croissance pour le deuxième trimestre. Pour stimuler l'activité, la banque centrale a procédé ces dernières semaines à plusieurs réductions de taux, au moment où nombre d'économistes plaident davantage pour un plan de relance.
Les autorités privilégient pour l'heure des mesures ciblées et se refusent à lancer un tel plan qui creuserait l'endettement. "La grande question est de savoir si la demande intérieure pourra rebondir dans les prochains mois sans mesure de relance du gouvernement", s'interroge Zhiwei Zhang.