La construction des six mâts à peine achevée, les premières pales sont arrivées la semaine dernière sur les hauts de la commune du Jura-Nord vaudois. "Une nouvelle phase a démarré, la plus délicate", relève Christophe Mermoud, responsable des infrastructures électriques chez Romande Energie, porteuse du projet.

Le transport des pièces, acheminées depuis l'Allemagne au port de Bâle, constitue déjà un défi. Les convois ont dû renoncer à emprunter la côte de Sainte-Croix, trop étroite, pour passer par le Val-de-Travers (NE), indique M. Mermoud, interrogé par Keystone-ATS.

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Chaque pale pèse neuf tonnes et mesure 41 mètres de long. Elles seront assemblées au sol puis levées par une grue géante sur chenilles, dotée d'un bras de 120 mètres. La première éolienne devrait ainsi être montée d'ici la fin juillet, les cinq autres suivront d'ici la fin août.

"Nous allons avancer crescendo", poursuit M. Mermoud. Et de préciser que deux équipes vont travailler en parallèle sur les deux sites du futur parc, à la Gittaz-Dessus et au Mont-des-Cerfs.

Après des années de procédure, le chantier avait débuté en octobre 2021 avec divers travaux préparatoires et, notamment, la construction des fondations. Une nouvelle étape avait démarré en mai dernier avec la livraison des blocs de béton et le montage des mâts.

Attention au vent

Les travaux, menés avec l'entreprise de construction allemande Enercon, se sont passés sans accroc jusqu'ici. "Nous sommes très contents du déroulement du chantier. Nous avons même un peu d'avance sur le planning", note M. Mermoud. La mise en service est prévue pour la fin novembre.

Le responsable se dit aussi "soulagé" après une ouverture du chantier "très compliquée" à l'automne 2021, lorsque des opposants aux éoliennes avaient vandalisé des machines de chantier. Les travaux semblent désormais "bien acceptés", perçus comme d'autant plus nécessaires "dans un contexte de crise énergétique", estime-t-il.

Le chantier reste néanmoins sous surveillance au vu du matériel entreposé sur place. M. Mermoud explique aussi que les équipes demeurent "sur le qui-vive" face à une autre menace, à savoir la météo. "C'est paradoxal pour des éoliennes, mais nous redoutons le vent", celui-ci pouvant rendre le montage encore plus délicat.

"Vieux rêve"

Porte-parole de Romande Energie, Michèle Cassani souligne qu'un "vieux rêve" est en train de se réaliser pour son entreprise, l'origine du projet remontant à 25 ans. Elle remarque aussi le caractère "emblématique" de ce chantier, le seul actuellement en cours en Suisse pour des éoliennes. Il s'agit également du premier parc sur sol vaudois, où une petite dizaine d'autres projets sont prévus à l'heure actuelle.

Mme Cassani relève à ce titre que son entreprise est régulièrement sollicitée par d'autres porteurs de projet, qui cherchent par exemple à obtenir des informations sur des aspects techniques ou de communication. "Ils viennent vers nous comme des confrères, pas comme des concurrents. C'est un échange de bons procédés", explique-t-elle.

Emblématique, le parc de Sainte-Croix se veut aussi "exemplaire", ajoute Mme Cassani. Elle rappelle qu'une série de mesures visant à compenser les effets environnementaux est prévue, à commencer par le remplacement des arbres abattus. Diverses dispositions permettront aussi d'atténuer le bruit et de protéger les oiseaux.

Une fois opérationnelles, les six éoliennes permettront la production de 22 millions de kilowattheures par an, de quoi alimenter 6100 ménages, soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de la commune de Sainte-Croix et de ses industries. Romande Energie a prévu d'investir 42 millions de francs dans ce projet.