Point d'orgue de cette grand-messe des banquiers centraux, forcément très attendue par les marchés, le discours du patron de la Réserve fédérale (Fed) n'a pas laissé beaucoup de place au doute quant à la détermination de l'institution à juguler l'inflation, à un mois de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC).

«Certes, l'inflation a ralenti depuis son pic, mais elle reste trop élevée. Nous sommes prêts à encore augmenter les taux d'intérêt si nécessaire et avons l'intention de maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que nous ayons la certitude que l'inflation s'oriente durablement vers notre objectif», a déclaré Jerome Powell.

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Mais y parvenir pourrait exiger «une période de croissance inférieure à la croissance potentielle, ainsi qu'une détente des conditions du marché de l'emploi», a insisté M. Powell qui prévient que «tout indice d'une croissance supérieure à la tendance pourrait bloquer de futurs progrès sur l'inflation et demander un resserrement monétaire».

Depuis 18 mois, la Fed est restée concentrée sur son objectif: augmenter ses taux rapidement afin d'empêcher que les anticipations d'une inflation durablement élevée ne s'enracinent, avec d'importants risques pour l'économie à la clé.

Résultat, depuis mars 2022, l'institution a augmenté onze fois ses taux, pour les faire passer d'un niveau proche de zéro à une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%.

Conséquence ou non, l'inflation a, elle, pris le chemin inverse, avec d'abord un pic en juin 2022, autour de 9% puis une décrue constante depuis, pour revenir à 3% en juin, selon l'indice PCE, celui qui est privilégié par la Fed.

La cible des 2% d'inflation est désormais en vue mais l'ensemble des analystes s'accordent à dire que cette dernière étape pourrait être la plus difficile.

Pas de consensus sur une pause

Du côté de la Banque centrale européenne (BCE) dont la présidente Christine Lagarde interviendra également à Jackson Hole vendredi en début d'après-midi, la question est sensiblement la même.

Partie un peu plus tard, la BCE a augmenté ses taux pour la première fois mi-juillet 2022, pour enchaîner huit hausses depuis et les porter à 3,75%, un record depuis le printemps 2001.

Mais la situation dans la zone euro reste plus compliquée, avec une inflation qui ralentit lentement, située à encore 5,3% en juillet et surtout une importante disparité entre les pays. La hausse des prix est repassée sous la cible des 2% en Espagne ou en Belgique mais encore bien supérieure en Allemagne ou France, et même au-delà des 10% en Slovaquie.

Des deux côtés de l'Atlantique, la possibilité d'une pause est envisagée sérieusement. Côté Fed, Jerome Powell insiste sur la nécessité de se baser sur les données économiques à mesure que la cible se rapproche.

Et les opinions sont variées parmi les membres du Comité monétaire de la Fed (FOMC). Certains, à l'image d'Austan Goolsbee de l'antenne de la Fed de Chicago, considèrent que l'essentiel est fait. D'autres, comme Michelle Bowman, une des gouverneurs, appellent au contraire à la poursuite de la hausse.

Mais les données macro-économiques incitent plutôt les banques centrales à poursuivre leur politique monétaire actuelle: malgré une remontée forte et rapide des taux, les économies restent résilientes, en particulier aux Etats-Unis, et le chômage faible.

Suffisant pour envisager une nouvelle hausse des taux en septembre du côté de la Fed? Pas nécessairement pour les marchés, qui anticipent toujours à 86% (au lieu de 80% avant le discours de vendredi) une nouvelle pause lors de la réunion du 20 septembre, selon les données de CME Group.

En pratique, le symposium économique doit s'intéresser aux «Changements structurels dans l'économie mondiale», selon son thème affiché.

Mais pour les marchés, la moindre indication sur les futures décision de la Fed importe, alors que l'inflation se rapproche de sa cible.