«Je peux, avec une certaine certitude, vous assurer qu'à la rentrée nous aurons une baisse visible des prix dans les rayons» alimentaires, assurait fin avril la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire.
Mais le constat dressé par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire est plus nuancé. «J'avais indiqué que l'inflation commencerait à ralentir à l'été 2023. Nous y sommes», a-t-il assuré en fin de semaine dernière.
Selon l'Insee, les prix dans l'alimentaire étaient en juillet 12,7% plus élevés qu'un an plus tôt, soit un léger ralentissement par rapport à juin (+13,7%).
Une réduction du niveau d'inflation ne correspond toutefois pas à une baisse de prix dans les rayons, mais à une hausse moins rapide.
En outre, les prix avaient déjà commencé à grimper il y a un an, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine. Au total sur deux ans, l'inflation dans les grandes surfaces est supérieure à 21%, rappelait récemment le média spécialisé LSA associé au panéliste Circana.
Inflation «durable»
«L'inflation sera durable, et c'est un paramètre nouveau qu'il va falloir prendre en compte», a observé Dominique Schelcher, PDG du 4e acteur de la distribution française, Système U, dans une tribune publiée lundi sur LinkedIn. «Oui le pic de l'inflation est derrière nous, mais (...) les prix ne reviendront pas au niveau d'avant crise».
Fin avril, Olivia Grégoire espérait que les prix pourraient baisser à l'issue de renégociations entre distributeurs et industriels agroalimentaires. Chaque année, les supermarchés et leurs fournisseurs de l'agro-industrie négocient de décembre jusqu'au 1er mars les conditions de vente d'une large partie des produits vendus tout le reste de l'année en grandes surfaces.
Lors du dernier épisode conclu en mars dernier, le prix moyen payé par les supermarchés aux industriels s'est apprécié de 9%. Mais le prix d'un certain nombre de matières premières a décru depuis et le gouvernement a appelé les différentes parties à se remettre autour de la table des négociations.
«Très peu d'industriels ont joué le jeu, quasiment aucun n'a voulu renégocier et 15 à 20 d'entre eux ont consenti des baisses de prix temporaires sur un nombre limité de produits, ce qui est très clairement insuffisant», a estimé lundi auprès de l'AFP Jacques Creyssel, délégué général de l'organisation patronale représentant le secteur, la FCD.
Rendez-vous à Bercy
Les industriels expliquaient avant l'été s'être engagés à un «effort», généralement sous forme de promotions temporaires, sur le prix d'«à peu près 1.000 produits» de grandes marques, comme Coca-Cola par exemple. Dans le cas du célèbre soda, des remises de 10% sont accordées depuis le 1er août et pour trois mois, mais uniquement sur certaines références, sans sucres et en grandes bouteilles.
Le nombre de produits concernés est en outre à mettre en regard avec le nombre de références en magasins: 3.000 à 5.000 dans un supermarché, et entre 20.000 et 35.000 dans les hypermarchés.
Avant les industriels, les supermarchés s'étaient de leur côté engagés mi-mars, dans le cadre d'une opération commerciale peu contraignante nommée «trimestre anti-inflation» - depuis prolongée -, à vendre une sélection de produits laissée à leur discrétion, au «prix le plus bas possible».
«Je réunirai industriels et distributeurs avec Olivia Grégoire cette semaine pour leur demander de prolonger leurs opérations, qui ont fonctionné», a expliqué Bruno Le Maire lundi sur France Inter.
Son cabinet précise que les distributeurs ont rendez-vous mercredi matin au ministère de l'Economie, les industriels jeudi.
Le gouvernement prévoit de demander d'«élargir à un plus grand nombre de produits» les opérations promotionnelles, et espère convaincre davantage d'industriels de s'engager sur une «baisse des prix».
Dans le cas contraire, «on entre dans la période du budget», attendu fin septembre, «nous avons des instruments à notre disposition pour que chacun joue le jeu», a précisé Bruno Le Maire.