C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre pour cet ancien fleuron nippon en déclin depuis une dizaine d'années.
«Alors que le nombre d'actions remises à l'offre d'achat est toujours en train d'être établi et agrégé, il est prévu que l'offre sera couronnée de succès», a déclaré Toshiba dans un bref communiqué.
Cette OPA amicale, lancée le 8 août par d'un consortium d'entreprises nippones mené par la société de capital-investissement Japan Industrial Partners (JIP), valorisait Toshiba à environ 2.000 milliards de yens (12,6 milliards d'euros au cours actuel).
L'offre devait récolter plus des deux tiers des actions du groupe en circulation pour réussir.
Le restant des actions doit être racheté au même prix unitaire de 4.620 yens, afin de retirer in fine Toshiba de la cote à la Bourse de Tokyo.
Les dirigeants de Toshiba avaient longtemps exclu d'envisager le scénario d'un rachat, avant de devoir s'y résigner l'an dernier sous la pression des nombreux actionnaires activistes du groupe, qui avaient rejeté un projet de scission.
Signe de son manque d'attractivité, Toshiba n'a fait l'objet que d'une seule offre concrète de rachat, assez laborieusement montée par JIP, un fonds spécialisé dans le redressement d'entreprises en difficulté.
Le manque d'appétit pour Toshiba a aussi reflété en creux la quasi-impossibilité pour des investisseurs étrangers de s'emparer d'un tel conglomérat japonais, même affaibli, à cause de ses activités dans des domaines sensibles (nucléaire, défense, technologies quantiques...).
Annoncé depuis mars et guère relevé depuis, le prix unitaire de l'acquisition ne représente qu'une modeste prime par rapport au cours de Bourse de Toshiba ces derniers mois. Mercredi le titre a clôturé quasi stable à 4.597 yens.
Gloire passée et scandales
Dans les années 1990, Toshiba figurait parmi les 40 plus grandes entreprises mondiales en termes de chiffre d'affaires, selon le classement Global 500 du magazine américain Fortune. En 2022, le groupe en occupait la 480e place.
A lui tout seul, Toshiba est un cours d'histoire sur la naissance, la grandeur puis la décadence de l'industrie japonaise de l'électronique et de l'informatique.
Ses origines remontent à 1875, au début de l'industrialisation du Japon, avec la fondation d'une usine à Tokyo pour fabriquer des équipements télégraphiques.
Le groupe, qui est né d'une fusion en 1939 avec un fabricant japonais d'ampoules et d'appareils électriques, a été l'un des pionniers nippons de l'électroménager, commercialisant par exemple le premier autocuiseur à riz dans l'archipel en 1955 ou la première télévision couleur du pays au début des années 1960.
Toshiba a aussi été un précurseur de l'informatique: il a notamment lancé en 1985 l'un des premiers ordinateurs portables au monde pour le marché de masse, le T1100, avant d'inventer deux ans plus tard la technologie de mémoire flash NAND, omniprésente dans les appareils numériques d'aujourd'hui.
Mais à partir de la fin des années 2000, Toshiba a été progressivement écrasé par la concurrence à bas prix venue d'ailleurs en Asie (Chine, Taïwan, Corée du Sud), tout en étant dépassé dans le haut de gamme par l'américain Apple.
Son déclin s'est transformé en chute libre à partir de 2015 quand a éclaté un énorme scandale de maquillage de ses comptes, suivi peu après de la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse.
Toshiba a dû vendre de nombreux actifs pour se renflouer, dont son joyau Toshiba Memory, sa filiale de puces-mémoires rachetée en 2018 par un consortium mené par le fonds américain Bain Capital et rebaptisée depuis Kioxia.
Le conglomérat a aussi été obligé d'ouvrir la porte de son capital à de nombreux actionnaires activistes, qui sont devenus à partir de 2020 de plus en plus critiques et exigeants devant les sous-performances chroniques du groupe.
Ce bras de fer avec les actionnaires a entraîné une valse des dirigeants de Toshiba et des plans stratégiques aussi fréquents que peu convaincants. Jusqu'au choix par défaut du groupe de se mettre en vente, sans que cette solution ne soit la garantie d'une renaissance digne de sa gloire passée.