Les instituts révisent de 0,9 point à la baisse leur prévision du printemps, en raison d'une évolution décevante de la consommation et de la production industrielle.
L'ancienne locomotive de l'UE devrait être le seul grand pays industriel à connaître une récession cette année, selon le FMI, qui table lui sur un recul de 0,3%.
«L'Allemagne est en récession depuis plus d'un an», a résumé Oliver Holtemöller, économiste à l'institut de conjoncture de Halle (IWH), lors d'une conférence de presse à Berlin.
En cause, la flambée des prix de l'énergie en 2022 dans le sillage de la guerre d'invasion russe en Ukraine, qui a mis «un terme brutal à la reprise après la pandémie» de Covid-19, expliquent les cinq instituts (DIW, IFO, IFW, IWH, RWI) dans un communiqué joint.
L'inflation qui a dépassé 8% à l'automne 2022 a par ailleurs ponctionné le pouvoir d'achat des ménages, quand les taux d'intérêt, relevés agressivement par la Banque centrale européenne de 4,5 points de pourcentage depuis juillet 2022, ont freiné le secteur de la construction.
Les grands clients manquent à l'appel
L'industrie, déjà en souffrance pour les entreprises les plus énergivores, a connu un été maussade avec des carnets de commandes en baisse surtout en provenance de grands clients comme les Etats-Unis et la Chine, dont les économies sont au ralenti.
La hausse des salaires en Allemagne pour rattraper l'inflation et le recul des prix de l'énergie devraient cependant contribuer à une amélioration de la situation en fin d'année, permettant au niveau d'utilisation des capacités de production de se reprendre, selon les instituts.
En 2024, ils prévoient un rebond du PIB allemand de 1,3%, soit 0,2 point de pourcentage de moins que prévu au printemps.
Pour le moyen terme, les économistes mettent en garde: «le développement économique en Chine et les nouveaux conflits commerciaux émergents entre l'UE et la Chine dans le domaine des véhicules électriques constituent une menace pour l'économie allemande orientée vers l'exportation», selon M.Holtemöller.
L'Allemagne a connu une récession technique cet hiver, avec deux trimestres d'affilée de recul du PIB. Sa croissance a été nulle entre avril et juin et le PIB pourrait de nouveau plonger au dernier trimestre de l'année, selon les économistes.
La crainte du déclin économique et industriel domine les débats politiques et met sous pression le gouvernement d'Olaf Scholz composé d'une coalition entre sociaux-démocrates, écologistes, qui détiennent le portefeuille de l'Economie, et libéraux, chargés des Finances.