Jeudi vers 07h40, le baril de Brent pour livraison en novembre coûtait 97,38 dollars, en hausse 0,86%, après avoir décollé la veille de 2,75% à 96,55 dollars. Le contrat équivalent américain du West Texas Intermediate (WTI), à même échéance valait pour sa part 94,44 dollars, en progrès de 0,83%, après s'être envolé mercredi soir de 3,63% à 93,68 dollars, une première depuis fin août 2022.

Déjà ostensiblement dans le vert, les cours ont passé mercredi la vitesse supérieure après la publication du rapport de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (AIE), qui a fait état d'une diminution de 2,2 millions des stocks commerciaux de brut durant la semaine achevée le 22 septembre. Un tassement nettement supérieur aux attentes des analystes, lesquels attendaient un repli de 900'000 barils, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg et qui a exacerbé les inquiétudes quant à l'offre de brut.

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Le marché est confronté à un resserrement de l'offre mondiale à l'approche de l'hiver, l'Arabie saoudite et la Russie, deux des principaux membres de l'OPEP, ayant prolongé les réductions de l'offre jusqu'à la fin de l'année. Le gouvernement russe a également déclaré mercredi qu'il envisageait de restreindre les exportations de carburant gris et d'augmenter les droits d'exportation pour les revendeurs.

Opérateurs déboussolés

La teneur du rapport a déboussolé une partie des opérateurs, qui ont relevé une série d'éléments qui auraient dû justifier, au contraire, une augmentation des réserves américaine d'or noir. L'activité des raffineries, principales consommatrices de brut, a ainsi brutalement décéléré, avec un taux d'utilisation descendu à 89,5%, au plus bas depuis six mois.

Autre élément théoriquement de nature à faire gonfler les stocks plutôt qu'à les faire baisser, la forte hausse des importations de brut (+11% sur une semaine), qui n'ont plus été aussi élevées à cette époque de l'année depuis cinq ans. Quant aux exportations, elles ont reflué (-21%), là encore un facteur à même de favoriser un renforcement des stocks aux Etats-Unis.

«Tous ces chiffres devraient donner une hausse» des stocks, pas une baisse, s'est étonné Robert Yawger, de Mizuho, pour qui cette publication est «une énigme». «Je suis sceptique quant à ces chiffres», a même avancé Matt Smith, de Kepler. «Je ne crois pas à ce rapport», a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.

«Mais les opérateurs spéculatifs se moquent bien de tout ça», a balayé Robert Yawger. «Ils ne s'intéressent qu'au chiffre principal (la baisse des stocks) et ils vont renforcer leurs positions à l'achat.» Le marché fixait aussi son attention sur le niveau des réserves à Cushing (Oklahoma), principal terminal de livraison du WTI aux Etats-Unis, qui sont tombées au plus bas depuis 15 mois.

Désormais, le franchissement du seuil symbolique de 100 dollars le baril pour le Brent «paraît inévitable», selon Matt Smith. «Le marché est lancé.»