Vice-président exécutif de la Trump Organization, Donald Trump Jr, 45 ans, est accusé, comme son père et son frère cadet Eric, par la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, d'avoir gonflé à hauteur de milliards de dollars les actifs du groupe dans les années 2010 pour décrocher de meilleurs prêts des banques et des conditions d'assurances plus favorables.
Son audition, qui a démarré mercredi après-midi et doit se poursuivre jeudi, inaugure un défilé du clan familial au tribunal: sont encore attendus Eric Trump, puis Donald Trump lui-même et Ivanka Trump, laquelle a cependant introduit un recours pour ne pas témoigner.
Costume bleu foncé, chemise claire et cravate rose, Donald Trump Jr a confirmé son rôle au sommet de la Trump Organization, une myriade de sociétés gérant des gratte-ciel de logements et de bureaux, des hôtels de luxe ou des golfs dans le monde entier.
Qui tenait les rênes du groupe à partir de l'entrée à la Maison Blanche de Donald Trump, en janvier 2017, lui a demandé la représentante du parquet général Colleen Faherty? «Une combinaison de moi-même, mon frère (Eric) et Allen Weisselberg», l'ex-directeur financier condamné en 2022 à de la prison ferme pour fraude fiscale, a répondu Donald Trump Jr, très à l'aise.
«Laissez mes enfants»
Mais il s'est aussi présenté comme peu familier des calculs comptables. Tenu responsable par le parquet général des déclarations financières annuelles de Donald Trump depuis 2016, une sorte de photographie de sa fortune au centre des débats, le fils aîné a expliqué qu'il avait fait confiance à leur cabinet d'experts-comptables, Mazars.
«Ca a l'air intéressant» mais «je n'y connais rien», a-t-il aussi ajouté à propos de certains principes comptables.
L'audition s'est déroulée la plupart du temps dans un climat cordial, loin des attaques virulentes que formulent d'habitude les Trump, père et fils, contre la justice.
«Laissez mes enfants tranquilles, Engoron. Vous êtes une honte pour la profession judiciaire», avait posté dans la nuit Donald Trump père, sur son réseau social Truth Social, à l'adresse du juge Arthur Engoron qui préside les débats et lui a déjà infligé 15'000 dollars d'amendes pour s'en être pris à sa greffière.
Donald Trump, 77 ans, doit être interrogé lundi, presqu'un an avant l'élection présidentielle de 2024 qu'il espère disputer pour revenir à la tête des Etats-Unis.
Fervents alliés politiques de leur père, Donald Trump Jr et Eric Trump ne devraient pas dévier de la ligne adoptée par la défense.
Les avocats soutiennent que les évaluations des actifs du groupe, comme la Trump Tower ou l'immeuble du 40 Wall Street étaient subjectives mais sincères, et que les banques n'y ont rien perdu.
«Fraudes répétées»
Mais d'après le patron de la banque d'investissement M.M. Dillon & Co., Michiel McCarty, appelé à la barre mercredi comme expert, les banques prêteuses, comme la Deutsche Bank, auraient pu décider de fixer des taux d'intérêts plus élevés si elles avaient eu à disposition une photographie moins reluisante de la situation financière de Donald Trump.
Il a passé en revue quatre prêts pour financer des projets autour d'un golf en Floride, deux luxueux hôtels à Washington et Chicago, ainsi que le 40 Wall Street, et a évalué les pertes en intérêts à 168 millions de dollars entre 2014 et 2023. Un calcul contesté par la défense.
Donald Trump était absent du tribunal mercredi. Depuis le début du procès, il se pose en victime d'une machination judiciaire, comme dans les quatre autres affaires où il est inculpé au pénal, notamment pour avoir tenté de renverser l'élection présidentielle de 2020.
S'il ne risque pas de peine de prison dans ce procès civil, l'affaire pourrait lui faire perdre le contrôle d'une partie de son patrimoine immobilier, en plus d'une amende de 250 millions de dollars et l'interdiction de gérer des sociétés à New York.
Avant même l'ouverture du procès le 2 octobre, le juge Engoron a estimé que le parquet général présentait «des preuves concluantes qu'entre 2014 et 2021, les prévenus ont surévalué les actifs» de «812 millions (à) 2,2 milliards de dollars» selon les années.
En conséquence de «fraudes répétées», il a ordonné la liquidation des sociétés, une véritable bombe judiciaire, mais sa décision a été suspendue en appel.
Le procès porte sur d'autres violations des lois financières et sur le montant de l'amende.