Le bonbon en chocolat a été inventé en 1865 par la maison Caffarel, elle-même absorbée en 1998 par la multinationale de Kilchberg.

Une requête d'un comité turinois créé en 2017 pour promouvoir la marque et obtenir le label IGP au niveau européen est actuellement bloquée au Ministère italien de l'agriculture par Caffarel, qui en conteste certains critères.

Le projet, qui se targue d'avoir obtenu le soutien des principaux industriels de la branche comme Ferrero, Venchi, Domori, Pastiglie Leone, ainsi que de chocolatiers artisanaux, prévoit notamment de garantir une teneur en noisettes d'au moins 30%, un seuil que la filiale de Lindt & Sprüngli voudrait abaisser à 28%.

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Autre point litigieux, la proposition d'autoriser l'utilisation de lait en poudre dans le procédé de fabrication, une véritable hérésie pour les partisans de la recette originale, qui ne comprend que trois ingrédients: noisettes, sucre et cacao.

Sollicitée vendredi par l'agence AWP, la direction de Lindt & Sprüngli assure ne jamais s'être opposée à la promotion d'une reconnaissance IGP. «Au contraire, nous nous sommes montrés disponibles pour contribuer à la discussion dès le début», a signalé un porte-parole. Les réticences du groupe portent essentiellement sur l'appellation «Gianduiotto di Torino», alors que certains producteurs revendiquant le label fabriquent leurs spécialités ailleurs au Piémont.

Recette pas «changée» mais «adaptée»

Le groupe zurichois se défend également de vouloir changer la composition de la friandise turinoise, affirmant que depuis sa création il y a près de 160 ans, cette dernière «comme la plupart des produits dans le monde, a connu un développement et la recette a été adaptée». Selon Lindt & Sprüngli, la plupart de ses clients préfèrent les versions contenant du lait.

«Le vrai gianduiotto ne se fait pas avec du lait en poudre, ce serait comme couper le vin avec de l'eau», s'insurge Guido Gobino dans les colonnes du Corriere della Sera. Selon celui que le quotidien qualifie de «porte-drapeau de la tradition chocolatière turinoise», la tradition peut parfois être modifiée, «mais seulement pour des améliorations, ce qui n'est pas le cas».

Pour le porte-parole de Lindt & Sprüngli, il est «incontesté que nous avons légitimement créé et utilisé cette marque et cette indication géographique». La posture du chocolatier zurichois, revendiquant la paternité du gianduiotto du fait du rachat il y a un quart de siècle de l'entreprise qui en est à l'origine, fait sourire Guido Gobino, qui ne peut s'empêcher d'ironiser: «si tu achètes Ferrari, tu ne peux pas prétendre avoir inventé les voitures de course».

Alors que les médias italiens n'hésitent pas à parler d'une «guerre du chocolat», le groupe basé sur les bords du lac de Zurich préfère jouer la carte de l'apaisement: «il s'agit simplement d'une discussion sur la formulation appropriée et l'utilisation de marques et de revendications de marques».