«Un cri» et «Grave moi le coeur» ne sont pas les premiers inédits tirés des limbes: «La nuit avec moi» et «Deux sortes d'hommes» avaient été publiés en 2020.

Il y a donc d'abord «Un cri» composé et réalisé par Yodelice, un des complices (guitariste-producteur) des dernières années du chanteur. La chanson figure au coeur de «Made in Rock'n'Roll», album qui compile dix autres titres déjà connus du «Taulier», remastérisés pour l'occasion. L'ensemble, très rock, est publié vendredi chez Parlophone, label dans la galaxie Warner, dernière maison de disques de la star.

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Soit deux semaines avant «Grave moi le coeur», livré dans une intégrale des chansons de Johnny revisitées en symphonique et supervisées par un autre de ses anciens bras-droits, l'arrangeur-star Yvan Cassar, qui a travaillé avec Vangelis ou encore Charles Aznavour.

Sortie prévue le 1er décembre sous l'égide d'Universal, maison de disques historique du «rockeur préféré des Français». Avant une reprise de la tournée «Johnny Symphonique» en mars et avril 2024.

«Un cri» date de février 2017, période où Johnny, qui vient d'apprendre qu'il est malade d'un nouveau cancer, «ressent un besoin de faire de la musique hors d'une configuration d'album» a raconté Yodelice à quelques journalistes, dont l'AFP, en début de semaine.

«Jouer avec mon pote»

Chose rare, l'artiste pose sa voix sur une maquette, accompagné d'une guitare acoustique blues, alors que, d'habitude, il se met derrière le micro avec un groupe pour emballer un produit fini.

Mais la chanson en restera à cette première ébauche car elle ne s'inscrit pas dans le disque mis en route un peu plus tard, «Mon pays c'est l'amour», réalisé par Yodelice, qui sortira à titre posthume en 2018.

Ebranlé par la disparition de l'interprète de «Allumer le feu», Yodelice laissera ce titre de côté. Jusqu'à ce que la ferveur intacte des fans le pousse à retravailler le morceau. En isolant la voix, l'urgence du ton convoque une instrumentation plus rock, dont Yodelice s'est chargé en grande partie. «J'avais l'impression de jouer avec mon pote», confie le musicien.

Le texte signé Vincent Walter Jacob, musicien inconnu du grand public, revêt un aspect testamentaire, entre trajectoire personnelle et amour des Etats-Unis.

«Grave moi le coeur» est une ballade, adaptation en français par Jean Fauque, célèbre parolier qui travailla notamment avec Alain Bashung, du standard d'Elvis Presley «Love me tender». Le titre avait été répété et couché sur bande, à l'origine, en prévision du show à Las Vegas en 1996 et d'un des disques qui en découlerait, «Destination Vegas». Mais «L'idole des jeunes», comme on le surnommait à ses débuts, n'a retenu ce morceau ni pour le live ni pour l'album.

«Maturité, abandon»

«Aussi dingue que ça puisse paraître, c'était sur une bande de répétitions et ça n'avait pas été numérisé. Johnny ne m'en avait jamais parlé, il avait dû lui-même l'oublier», confie Yvan Cassar, joint au téléphone par l'AFP.

Pourtant, les deux hommes ont parlé des heures durant de ce titre du «King», fondateur pour Johnny qui l'avait vu et entendu adolescent au cinéma dans le film du même titre, «Love me tender», avec Elvis en vedette acteur-chanteur. Pendant le show à Las Vegas, Johnny l'interprétera dans sa V.O., en anglais.

Après avoir isolé la piste de la voix, Yvan Cassar l'a sertie d'une nouvelle orchestration, tout en gardant le «souffle» de Johnny. «On sent dans cette chanson son rapport à la vie, il y a une maturité, un abandon», note l'arrangeur.

Selon un bon connaisseur du dossier, interrogé par l'AFP, «on n'est pas à l'abri de découvrir d'autres inédits étant donné la masse d'enregistrements du chanteur dans sa carrière».