M. Jordan en appelle à la responsabilité des clients dans une interview avec la NZZ am Sonntag. Ceux-ci peuvent, par leur comportement, contribuer au bon fonctionnement de la concurrence.
Alors que de nombreuses banques ont réalisé des bénéfices importants, les taux d'intérêt pour les épargnants n'ont augmenté que timidement ces derniers temps, relève-t-il. Le taux directeur est de 1,75%, mais le taux d'épargne usuel est bien inférieur.
M. Jordan indique avoir de la compréhension pour les banques qui, après la phase des taux d'intérêt négatifs, doivent d'abord normaliser leur marge. «Je rappelle qu'auparavant, les intérêts pour les épargnants étaient majoritairement à zéro malgré un taux directeur négatif».
Et d'ajouter qu'une fois que la normalisation des marges sera terminée, il faudra que la concurrence entre les banques fasse également remonter les taux d'intérêt pour les dépôts clients, un processus qui a déjà commencé.
Patience pour la Confédération et les cantons
Selon M. Jordan, il est tout à fait possible que la Confédération et les cantons doivent renoncer pendant une plus longue période à la redistribution des bénéfices de la BNS. «La Confédération et les cantons recevront à nouveau de l'argent lorsque les fonds propres auront atteint le niveau que nous souhaitons», indique-t-il.
Pour qu'un versement soit à nouveau possible, il faut que la réserve de distribution des bénéfices, qui est actuellement à moins 39 milliards, repasse nettement au-dessus de zéro.
Selon M. Jordan, la BNS a réalisé des bénéfices très élevés pendant quelques années avant 2022 et elle a ainsi pu augmenter sensiblement les distributions. «Mais il est tout à fait possible qu'il y ait maintenant une période où les distributions ne sont pas possibles», avertit-il. Au niveau international, de nombreuses banques centrales sont dans une situation similaire, certaines ont même des fonds propres négatifs.
Le banquier central rappelle que la crédibilité et la réputation de la BNS dépendent de sa capacité à maintenir la stabilité des prix. «En comparaison internationale, nous sommes très bien placés à cet égard, le franc est la monnaie la plus stable du monde», souligne-t-il. Et de noter que la stabilité des prix est la contribution essentielle de la Banque nationale à la prospérité de la Suisse. «La distribution des bénéfices est un produit secondaire».