La hausse des prix à la consommation, alimentée notamment par la dépréciation de la livre turque, a grimpé en novembre à 61,98% sur un an, alors qu'elle avait atteint 61,36% en octobre.

Elle a cependant légèrement baissé de 3,43% à 3,28% sur un mois en novembre.

Quoique élevés, les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui calculent la hausse des prix à la consommation à 129,27% en glissement annuel en novembre.

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Depuis les élections de mai et la reconduction au pouvoir du président Erdogan, la nouvelle équipe à la tête de la Banque centrale et du ministère de l'Economie a fait remonter le taux directeur de 8,5 à 40% afin de tenter de réduire l'inflation.

M. Erdogan a été réélu en mai dernier en s'engageant durant sa campagne à ne jamais autoriser la banque centrale à relever son taux directeur tant qu'il serait président.

Il a cependant changé de cap, en nommant une nouvelle équipe d'économistes respectés, formés à Wall Street et dans le privé, chargés de sortir la Turquie de la crise.

Selon des analystes, une hausse finale du taux directeur de 2,5% pourrait avoir lieu lors de la prochaine réunion de la banque centrale le 21 décembre.

Le taux directeur pourrait ensuite resté stable au cours de 2024.

La réinitialisation prendra du temps

Selon les données officielles, la hausse des coûts d'emprunt a commencé à ralentir la consommation - un objectif clé de la banque centrale.

Le PIB de la Turquie n'a augmenté que de 0,3% entre juillet et septembre. Il avait augmenté de 3,3% entre avril et juin.

«La banque centrale accueillera ces chiffres comme une preuve que la demande se refroidit et que les pressions inflationnistes continuent de s'atténuer», a estimé Liam Peach de Capital Economics.

«Cependant, pour ramener l'inflation à des niveaux beaucoup plus bas, il faudra que la politique monétaire reste restrictive pendant une période prolongée et nous nous attendons à ce que la banque centrale laisse les taux d'intérêt inchangés tout au long de 2024», a-t-il ajouté.

L'agence de notation Standard & Poor a révisé la note de la Turquie de stable à positive à long terme en novembre.

«L'inflation semble avoir atteint un pic», a estimé l'agence de notation.

Mais elle a également averti que «la réinitialisation de la politique prendra au moins deux ans pour maîtriser l'inflation».

Des analystes reprochent au président Erdogan d'avoir déclenché la spirale inflationniste en forçant la banque centrale théoriquement indépendante à réduire le taux directeur bien en dessous de la hausse des prix.

Le taux d'inflation annuel officiel avait culminé à 85,51 % en octobre 2022.

Prise dans une spirale de dévaluation et d'inflation, la Turquie connaît une inflation à deux chiffres sans discontinuer depuis fin 2019, rendant le coût de la vie difficilement supportable pour de nombreuses familles.