«Nous n'avons pas une minute à perdre dans cette cruciale dernière ligne droite», presse Simon Stiell, jugeant que «les plus hauts niveaux d'ambition sont possibles» sur les deux sujets indissociables au coeur des derniers pourparlers: la sortie progressive des énergies fossiles et l'aide financière pour les pays les plus pauvres.

Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a lui appelé les négociateurs à la COP28 à faire preuve de «flexibilité maximum» et de «bonne foi», pour assurer la sortie de «toutes les énergies fossiles». Il est «essentiel» que le texte final «reconnaisse le besoin de sortir de toutes les énergies fossiles dans un calendrier cohérent avec la limite de 1,5°C» de réchauffement planétaire, a-t-il insisté devant des journalistes à Dubaï.

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«Cela ne veut pas dire que tous les pays doivent sortir des énergies fossiles en même temps», a-t-il précisé, faisant écho à la demande de certains pays en développement d'avoir plus de temps que les nations les plus riches.

Signe de la fébrilité des négociations à la veille de la fin prévue de la conférence, plusieurs événements publics annoncés ont été annulés à la dernière minute lundi.

Nouveau projet d'accord attendu

Un nouveau projet d'accord est attendu lundi matin par des responsables désormais proches de l'épuisement. «Nous attendons toujours le texte», indiquait le responsable d'un gros bloc de pays en début de matinée, dépité de n'avoir toujours pas de nouvelles options à commenter.

Ce nouveau document lancera un intense sprint de tractations, potentiellement suivi d'une ou plusieurs nuits blanches pour des milliers de délégués et d'observateurs. En 28 ans, les COP ont rarement fini à l'heure.

Mais le déterminé président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale, a promis un accord «historique» dès le 12 décembre, jour anniversaire de l'accord de Paris, dont il assure que l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, sérieusement menacé, est «son étoile polaire».

Le nouveau texte attendu, probablement ponctué d'options ou de formulations entre parenthèses, testera sa capacité à façonner un compromis dans les dernières heures, puisqu'il est cette fois établi sous sa conduite.

Peu de progrès jusqu'ici

Jusqu'à présent, les délégués et ministres des pays n'ont guère progressé malgré des négociations frénétiques et de multiples bilatérales plus discrètes dans la fourmilière climatisée du parc des Expositions de Dubaï.

Les camps attendent le nouveau texte pour véritablement «dévoiler leurs cartes», explique une source proche de la présidence de la COP.

Le jeu saoudien

De plus en plus isolés, l'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, l'Irak et quelques alliés campent sur leurs positions hostiles à toute sortie ou réduction des énergies fossiles, comptant sur les technologies balbutiantes de captage du carbone et brandissant la menace d'un bouleversement de l'économie mondiale.

Pourtant, des ONG aux négociateurs, les participants expriment le même sentiment qu'un accord n'a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le XIXe siècle a permis l'essor économique mondial au prix d'un réchauffement de 1,2°C à ce jour.

Lors d'une grande réunion dimanche, organisée en cercle sur le modèle des «majlis», tradition des pays musulmans, des ministres du monde entier ont souscrit les uns après les autres à la sortie des énergies fossiles. La Chine, vue comme peu allante au début de la COP, est elle unanimement décrite comme «constructive» en coulisses.

Gages de développement

En dehors d'un éventuel appel à la sortie progressive des énergies fossiles, leur sort pourrait être mentionné par ricochet dans l'objectif de tripler d'ici 2030 la capacité des énergies renouvelables dans le monde, en conditionnant l'effacement du charbon et des hydrocarbures à la montée en puissance des énergies propres.

Cela ferait écho à la déclaration commune en novembre par la Chine et les Etats-Unis, dans laquelle les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre (41% à eux deux) évitaient de parler de «sortie» des fossiles pour dire que les énergies renouvelables (solaire, éolien...) devaient graduellement remplacer les fossiles.

Mais un grand accord final dépend aussi des gages donnés aux pays émergents, comme l'Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon, et aux pays en développement qui exigent des pays riches de l'aide pour installer l'énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin, ou pour s'adapter aux ravages du changement climatique (digues, bâtiments, santé, agriculture...)