«Les pressions inflationnistes actuelles restent élevées. L'inflation annuelle pour 2023 devrait être proche (...) de 7-7,5%», bien au-dessus de la cible de 4%, a indiqué la BCR dans un communiqué pour justifier sa décision.
La BCR a dit anticiper «le maintien de conditions monétaires strictes (...) pendant une longue période» pour «stabiliser» la hausse des prix autour de 4%.
Cette hausse du taux directeur était attendue par les observateurs, la BCR ayant répété à plusieurs reprises vouloir combattre à tout prix l'inflation, qui s'est accélérée en novembre à 7,5% sur un an.
Elle intervient quelques jours après l'annonce par Vladimir Poutine de sa candidature à l'élection présidentielle de mars 2024, un scrutin qui doit voir sa réélection au Kremlin, sur fond d'absence de perspective de sortie du conflit avec l'Ukraine et de vie chère du fait des sanctions occidentales.
Jeudi, lors de sa conférence de presse annuelle, le président russe s'était pourtant félicité d'une croissance attendue à 3,5% pour 2023, du taux de chômage «le plus faible dans l'histoire de la Russie» (2,9%) et d'une hausse des salaires réels d'environ 8% sur l'année.
Mais ces indicateurs révèlent en réalité le déséquilibre dans lequel l'économie russe se trouve deux ans après le début du conflit en Ukraine.
De nombreux secteurs (manufacture, construction, agriculture...) sont victimes de pénuries de main d'oeuvre, conséquences de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour combattre en Ukraine et du départ précipité de nombreux employés qualifiés à l'étranger pour éviter l'armée.
Et c'est ce manque de main d'oeuvre disponible qui tire les salaires vers le haut, les employeurs étant obligés d'offrir des salaires plus attractifs pour recruter.
Les craintes de la BCR de voir l'inflation rester à des niveaux élevés l'an prochain ont par ailleurs été renforcées ces dernières semaines après que le gouvernement a acté l'envolée des dépenses de Défense en 2024 (+70%), ce qui pourrait faire accélérer d'autant plus la hausse des prix.
La décision de la BCR de relever son taux directeur était crainte par les entrepreneurs russes, qui avaient pour certains d'entre eux affiché ces derniers jours leur opposition, inquiets du coût croissant des investissements dans le pays.